samedi 12 septembre 2009

Siberie m'etait contee...







Le long voyage de retour commence. Nous avons quitte Ulan-Bator avec un pincement au coeur. C'est fou comme quelques semaines suffisent pour commencer a avoir des reperes et des habitudes. Nous commencions a nous faire a "notre" nouvelle ville, a tisser des relations, voire meme des amities. Nous etions tristes de quitter Bilegt et sa famille. Jargal aussi. Tristes mais excites a l'idee de reprendre la route, decouvrir un nouveau pays, devoir, de nouveau, nous debrouiller par nous memes.
Pour ce qui est de nous debrouiller, avec la traversee de la frontiere, nous avons ete gate! Le mythe de la bureaucratie russe n'en est pas un. Passer ce satane poste russo-mongol fut une aventure. Une lecon de patience, plutot. Explication. Nous sommes arrives a Altanbulag (la ville frontiere mongole) a 6h30, bien emmitoufles dans nos habits (ca frisait allegrement le 0°C), en compagnie de Konstantin (un serbe rencontre a la descente du train et qui va nous accompagner 2 jours). Jusqu'ici, tout va bien. La frontiere n'ouvrant qu'a 8h (puis finalement a 9h), nous avons patiemment sirote un dernier the au lait sale. Apres avoir change nos derniers togroks en roubles (une histoire, ca aussi), nous nous sommes mis en quete d'un vehicule pour pouvoir traverser (il est interdit de passer a pied!). Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous embarquons dans un mini-bus qui est stationne devant la barriere. Il est 9h. Une longue attente commence. Des voitures passent au compte-goutte. Quelques camions aussi. Au mieux, un vehicule toutes les 20 minutes. Mais le notre reste deseperemment en plan. On ne peut pas dire que le metier de douanier soit ereintant! Notre patience s'effrite petit a petit. A 10h30, n'y tenant plus, je me decide de stopper la prochaine voiture et lui demander si nous pouvons traverser avec elle! Une voiture rouge s'approche, blindee de stickers. Elle est conduite par un portuguais qui vient de finir un rallye. Notre chance de la journee! Deja parce que nous pouvons communiquer en anglais. Ensuite car lui et son compagnon, un anglais, nous acceptent volontiers! Ni une ni deux, nous sortons nos sacs du mini-bus et nous engouffrons dans notre nouveau vehicule. Il fallait voir ca! L'improbable equipage portugo-anglo-serbo-francais, avec tout son barda, engonce dans une petite toyota 3 portes vieille de 23 ans! C'est simple, j'ai cru qu'elle allait rester scotcher sur place! Nous avons passe le poste mongole sans trop de probleme (a peine 1h). 11h30, nous arrivons devant une grille. A quoi elle sert? Je ne sais pas, mais elle est fermee! Je crois que c'est la pause de midi du cote russe. Une nouvelle attente commence. Franchement, entre 9h et 12h, moins de 10 vehicules sont passes! Incroyable. Notre compagnon anglais devient fou. Il doit absolumment quitter le sol russe aujourd'hui!!! Oui. Le jour de son entree. Trop long a expliquer mais c'est comme ca!
Enfin, a 13h, les grilles s'ouvrent. Nous passons et arrivons au poste russe. La, on comprend pourquoi tout ce cirque prend autant de temps. Nos passeports et visas ne sont pas controles, ils sont disseques! Analyses a la loupe, passes dans une machine, amenes dans un bureau, ramenes, re-analyses, re-verifies, re-amenes dans un bureau puis re-amenes puis repasser dans une machine (qui apparemment ne marche pas!!!). Bref, mes documents sont partis, revenus, repartis et revenus, avant que la douaniere, apres avoir passe 5 minutes a regarder la photo de mon passeport, puis moi, etc, ne me declare (par geste, vu que je comprends rien au russe): " Vous vous etes laisse pousser la barbe"? "Bin, je suis pas rase, oui"! Quelle perspicacite! Finalement, elle nous a rendu nos sesames et nous avons enfin pu penetrer en Russie. Un dernier petit contrôle (avec un douanier oblige de se contorsionner pour nous apercevoir, on etait litteralement enseveli sous nos sacs) pour la route et c'est parti. Siberie, nous voila! Il etait 14h30!
C'est fou, les frontieres. Nous ne nous en rendons pas compte en Europe (nos pays se ressemblent tellement) mais ca peut etre comme une machine a voyager dans le temps. En a peine 10km, on peut faire un bond de plus ou moins quelques decennies. En avant ou en arriere, c'est selon. Et malheur, a ceux qui habitent du mauvais cote. Nous nous en etions deja rendu-compte, il y a 3 ans entre la Thailande et la Birmanie. Le passage Mongolie-Russie est analogue. 30 ans de moins en Mongolie. 30 ans de plus en Russie. Ici, nous avons tout de suite senti que nous etions entres de plein pied en Europe (meme si geographiquement, l'Oural est encore loin). Ok, pas l'Europe occidentale mais l'Europe quand meme. Kiakhta, la premiere bourgade russe ou nous nous sommes arretes, ressemble en tout point a une bourgade d'Europe de l'est. Eglise, magasins, vetements, meme les visages (l'ethnie russe s'est comportee comme l'ethnie Han, en Chine. Ils ont mis en place une incroyable politique de migration et d'implantation -aussi grace aux goulags- pour etre majoritaire partout et assoir ainsi sa legitimite sur ces territoires)!
A nouveau continent (au moins culturellement), nouveau systeme pour voyager. Nous experimentons le couchsurfing! Quesako? Couchsurfing, c'est une communaute, et un site internet, qui se propose d'heberger, gratuitement, des voyageurs chez soi. Plusieurs acolytes rencontres cette annee nous en avaient parle. Nous avons decide de sauter le pas. D'abord maintenant comme accueillis, bientôt comme accueillants. Le gain economique est enorme (les prix de l'hebergement sont maintenant identiques al' Europe... Trop sales pour notre budget!) et cela permet de faire plein de rencontres, de decouvrir une ville autrement... Du bonheur quoi!!
Apres 2 experiences reussies (A Ulan-Ude et a Irkoutsk) et un petit avant-gout du trans-siberien (8h entre les deux villes), nous nous sommes rendus au lac Baikal. Majestueux. Immense (400km de long), le lac aimante tous les superlatifs. Plus grande reserve d'eau douce du monde. Lac le plus profond du monde (plus de 1500m). Il s'etend a perte de vue et donne l'impression de se trouver a cote de la mer! Nous sommes restes 2 jours a sillonner les montagnes avoisinantes, plonger notre regard dans son eau cristalline et a admirer les maisons en bois traditionnelles de Siberie. La chance nous a souri (encore?) et le temps etait particulierement clement (soleil et temperature printaniere) ce qui nous a permis de contempler, au loin, les sommets enneiges. Rafraichissant. Je pense que le lac Baikal sera le dernier site naturel que nous visiterons pendant ce voyage. Nos prochaines destinations seront plus urbaines... Ca fait bizarre de se dire ca. Ca sent la fin!
Aujourd'hui, nous sommes retournes a Irkoustk d'ou nous allons prendre dans quelques heures le fameux trans-siberien (le plat de resistance cette fois!). Dans 3 jours, nous aurons passe l'Oural, seront de nouveau en Europe, la vraie, et decouvrirons la place rouge et la basilique St-Basil. Ceci sera la prochaine histoire. A+

PS: les photos. la 1, l'improbable equipage enfin arrive en Russie. La 2, le fameux Moscou - Vladisvostok!. La 3, femme en attente devant le lac Baikal. La 4, le lac! Ne se croirait-on pas au bord de mer. La 5, une maison typique de Siberie.

3 commentaires:

Les chats a dit…

Bienvenue en Europe!!
Avec ta maman nous avions attendus 12 heures dans la voiture a la frontière RDA/Pologne!!Un seul douanier sans compter les pauses syndicales!!!

Les habitants de la RDA avaent compris l'interet de laqueue et vendaient des saucises et de la bière:On etait juste avant la chute du mur!!

Il y a toute une culture de l'attente dans les queues a l'est!!

Bon transsiberien...ne craignez rien ..ça va doucement

Unknown a dit…

Happy birthday mon Ben!

Unknown a dit…

BON ANNIVERSAIRE BEN !!!
Je sais que c'était hier, mais j'ai eu une journée de fou pour le lancement de saison d'une des compagnie pour laquelle je travaille.
Vous voilà en Sibérie ! une contrée de plus à votre effectif.
Connais tu tes dates de retour ?
Ps. j'ai reperdu ton mail, je suis vraiment une truffe :P
Bises à Marie, profitez bien.
MAT