lundi 31 août 2009

Manuel d'eco-tourisme



La famille s'en est allee... Nous reprenons notre numero de duellistes. La fin de la semaine a ete piano, rythmee par quelques courses, l'organisation de la suite de notre voyage et une visite a la famille de Jargal, notre interprete pendant le tour. La famille de Jargal habite une petite cite industrieuse, a 2 heures de route de UB, adossee a une des plus grosses mines de charbon du pays. La vie, la-bas, est diametralement opposee a celle des nomades. Ca sent la Russie (en tout cas, l'image que je m'en fais). D'ailleurs se sont eux qui on construit la ville pour pouvoir exploiter la mine. Architecturalement, ca ressemble a nos banlieues. C'est pas tres beau (doux euphemisme), tout carre et un peu vetuste. Ca s'est voulu fonctionnel en son temps. Au detriment d'autres valeurs, plus humaines. Collectivisme quand tu nous tiens... Qu'importe! La chaleur est ailleurs. A l'interieur des murs vieillissants. La rencontre avec la famille a ete tres agreable. Nous avons pu partager leur quotidien. Mere, pere, freres, soeurs, conjoints et bambins dans un 2 pieces. 10 (avec nous) sous le meme toit. Deco a minima. La vie simple d'une famille moyenne. Rien ne manque (de vital) mais rien n'est superflu. Signes exterieurs de richesse? Machine a laver, tele, frigo, sono... et beaucoup d'amour! Qu'a t'on reellement besoin d'autre? Cela alimente mes reflexions depuis quelques jours. Pourquoi notre sur-abondance nous deprime t'elle? Machiavel disait (plus ou moins, j'ai pas retrouve la citation) que " Pour un riche, la seule facon d'etre sur de ne pas perdre ses richesses est d'en accumuler encore plus! ". Qu'on ne se meprenne pas, je n'ai rien contre les riches, j'ai quelquechose contre "le toujours plus"! Ne peut-on pas sortir de ce cercle infernal? Comment relativiser? Mon remede, c'est le voyage! Observer les autres permet de remettre les pieds sur terre et de revenir a plus de decence.
Pour que ca marche, il faut voyager, certes, mais pas n'importe comment. Il faut aussi savoir lacher prise, casser un certain nombre de ses prejuges, se mettre en danger (psychologiquement parlant)... Etre un eco-touriste en somme. Mais c'est quoi un eco-touriste, en fait? Petite explication personnelle!
Quand on parle eco-tourisme, on pense immediatement a la nature, ne pas jeter ses poubelles n'importe ou, respecter l'environnement, ... Soit. La nature est un eco-systeme fragile. Mais pourquoi, l'occidental moyen a tendance a plus faire attention a la nature qu'a l'humain? Et une societe alors? N'est-ce pas un ensemble complexe et fragile? Je pense que nous devrions prendre soin de ne pas trop la perturber quand nous voyageons. Ne pas debarquer avec nos gros sabots d'occidentaux plein de certitudes et la saccager avec nos valeurs qui seraient meilleures par essence! Nous ne sommes que des hotes en terre etrangere. Cela implique une certaine retenue, un peu de recul et une grande ouverture d'esprit.
Certes nous sommes et resterons occidentaux. Notre culture nous colle a la peau et nous la trimballons bon gre, mal gre avec nous. Le but n'est pas de s'en debarrasser mais de l'alleger pour pouvoir s'impregner de celle de l'autre. Je crois avoir une bonne analogie pour ca! Notre culture est comme un habit complet. Il a plusieurs couches. Manteau, veste, chemise et sous-vetements. Nous ne nous debarrasserons jamais de nos sous-vetements. Ce serait indecent. C'est notre culture innee. Quid du reste? Je pense que pour pouvoir s'impregner d'une autre culture nous devons nous delester de quelques couches. Tomber la veste. Ou la chemise. Selon l'envie ou la capacite. C'est a ce prix que l'on peut vraiment decouvrir... et comprendre. Comprendre et proteger. De nous, de notre opulence, de notre individualisme, de l'argent-roi!
Ah, le rapport a l'argent! Chez nous, il regit tout. Il est de mon avis que c'est la derniere chose que nous devrions "importer". Or nous le faisons. Nous distribuons de l'argent a tout va... et pour presque rien! Satanes pourboires. Certes, chez nous, ca se fait. En Asie, presque pas. Ok, les sommes sont minimes pour nous... mais extravagantes pour eux. Quelques euros, ca ne semble rien mais c'est enorme! Par exemple, ici, en Mongolie, le salaire minimum est de 50 euros, le moyen de 100 et un docteur touche 150euros/mois. Donner quelques euros a un gamin parce qu'il nous a aide, parce qu'il est mignon ou dans le besoin, ca peut sembler une bonne idee, ca peut sembler aider... mais ce n'est pas le cas. Je pense meme que c'est le contraire. Ca cree des desequilibres qui peuvent avoir de graves consequences. Qu'arrive t'il quand un enfant gagne plus que son pere en tendant juste le bras? Je vous le donne en mille: il reste dans la rue! A l'extreme, en Inde, la mafia n'hesite pas a mutiler les enfants. Un enfant handicape, ca emeut plus... donc ca rapporte plus! Sans aller jusqu'à la, ce cote "je jette l'argent par les fenetres" entraine une modification du comportement des locaux envers les occidentaux. Cet argent ne devient plus un cadeau mais un du. C'est le virus du "porte-monnaie ambulant". Et quand celui-ci s'est infiltre dans le cerveau des gens... Plus moyen de le deloger. Ce sera toujours, le riche contre le pauvre. Consternant. Je recommande, plutot que de donner de l'argent, d'offrir un "vrai" cadeau. Pas grand-chose, un petit rien. Quelquechose de personnel... ou d'utile. La est le veritable echange. A ce moment la, nous devenons des egaux. Et nous preservons les valeurs de l'autre. C'est quand meme plus humain, non?

mardi 25 août 2009

This is the end...




19eme et 20eme jour.
J'ai regroupe ces 2 jours car grossso merdo, nous n'avons fait que rouler, rouler, manger, rouler, manger, dormir et rouler, rouler, rouler. C'est un peu monotone. Doucement, les herbes ont pris le pas sur le desert et nous avons retrouver les vallees verdoyantes de notre depart. Je crois que la fatigue gagne du terrain. 20 jours et 3000km a se faire chahuter par des bosses et des trous, ca tanne les cuirs les plus endurcis. Nous ne sommes pas totalement mecontents d'arriver meme si nous savons que ce sera pour se dire au revoir (mais bon ce n'est pas pour longtemps, on rentre, a notre tour, dans 6 ou 7 semaines et il va nous rester 2 jours de shopping!) ;-)
2 evenements ont quand meme marque notre derniere journee de road trip. Le premier: A 2 ou 3 heures de UB, nos chauffeurs se sont soudainement arretes. Au loin, un nuage de poussiere! Quesako? Rapidement nous distinguons des cavaliers. Une course! Un nadaam! Nous l'avions rate au lac Khovsgol et, etres bien chanceux que nous sommes, nous y avons droit juste avant notre arrivee. Et une cerise sur le gateau! Une! ;-)
Le deuxieme: Nous sommes maintenant dans les rues de UB et commencons a reconnaître des batiments et des carrefours connus. Le sentiment d'arriver a la maison commence a poindre. Soudain. Notre voiture hoquete puis... s'arrete! Quoi? Qu'est-ce qui se passe? Une panne a 500 du but? C'est pas possible! Sans s'affoler, notre chauffeur descend et ouvre le coffre. Il bouge notre barda et sort un bidon! Une panne d'essence! Celle la nous ne l'avions encore pas eu! Maintenant tout nous est arrive. On peut rentrer! ;-)

PS: Nous sommes maintenant rentres depuis 48h. Les magasins d'Ulan Bator ont ete devalise. Cashmere, artisanat, gadgets et autres souvenirs ont ete pilles. La horde francaise dans toute sa splendeur. Tout le monde est reparti aujourd'hui. Nous voilà de nouveau seuls. Ce voyage fut riche. De emerveillements, de rencontres, d'emotions, d'enseignement. Nous sommes ravis d'avoir passe ces 3 semaines en famille et d'avoir partager un bout de notre periple avec eux. Nous nous sommes decouverts ou redecouverts. Nous en garderons des souvenirs indelebiles. Enfin, je ne les ai que peu cite dans mes recits mais je voulais aussi remercier chaleureusement (meme s'ils ne me liront jamais) Batzara, Tsedendorj (nos chauffeurs) et Jargal (photo3 - notre interprete) pour nous avoir fait partager leur pays et leur bonne humeur!
PS2: Je vais maintenant revenir a un rythme d'ecriture plus leger. Enfin! J'ai toujours pris beaucoup de plaisir a ecrire pour le blog mais j'avoue que le rythme journalier de ces dernieres semaines n'est pas celui qui me convient le mieux. Trop contraignant. Trop fatiguant. Je commencais a tirer la langue. 1 a 2 fois par semaine, c'est mieux! A la semaine prochaine! ;-)

mer de sable




18eme Jour. De Yolyn Am a Tsagaan Suvraga
Le debut de la fin. Nous entamons notre remontee vers le nord. Vers UB. Vers la fin de notre periple. Nous restons quand meme dans le Gobi. Pour une derniere journee. Notre programme? La visite du site de Tsagaan Suvraga. Ici, il y a des milliers d'annees, une mer ondulait. De celle-ci ne reste qu'une terre ocre, un fond terrestre compose d'une multitudes de petits vallons et une falaise abrupte, taillee par les flots, dont les strates de couleurs ont fait notre emerveillement. L'endroit est magique! Une mer... de sable!Difficile d'imaginer des hectolitres d'eau dans ce paysage aride. Oui, je sais! Le sahara fut jadis une vallee verdoyante. Mais, ca ne reste que des mots. Quand on en voit une realite flagrante, ca nous ramene a notre petitesse, notre insignifiance. Nous ne sommes que de passage, ephemeres. Une incongrue presence entre 2 neants (avant notre naissance et apres notre mort). Et pendant tout ce neant, tout continue. Je m'essaye un peu philo mais je viens de finir un livre drolement bien (La methode Schopenhauer de Irvin D. Yalom) qui presente, de maniere romancee, la pensee de Schopenhauer, un nevrose depressif pessimiste mais qui est le premier a avoir "penser" la psychologie. Dit comme ca, ca ne donne pas vraiment envie de le lire mais ce serait une erreur de votre part. ;-) Le rapport a notre temporalite est largement aborde et je voulais vous faire partager une pensee que j'y ai puise. C'est de Nietzche. " Il nous faut vivre notre vie de telle sorte que nous dirions oui si on nous proposait de la revivre eternellement et de la meme maniere! " C'est tellement vrai!

French Doctors



17eme jour. De Khongoryn Els a Yolyn Am.
Nous quittons les dunes direction la gorge glacee de Yolyn Am. La gorge des vautours. Le paysage continue de defiler devant nous. Toujours. Encore. Immense. Demesure. Plus les heures et les jours filent, plus nous nous rendons compte de l'infinie (ou presque) etendue dans laquelle nous evoluons. La glace recouvre Yolyn Am de facon quasi-permanente (j'insiste sur quasi). Inconcevable de la glace au milieu du desert? Je l'ai deja dit, en Mongolie, c'est possible! Il faut dire que le desert de Gobi est probablement la region championne du monde des ecarts de temperatures. Nous le vivons au quotidien. Grosse chaleur en journee (+ de 30°C) et froid ( - de 10°C) le soir. Et nous sommes en ete. Imaginez en hiver!
A peine arrive a Yolyn Am une femme nous interpelle affolee. A t'on des bandages? Un sculpteur (il y en a beaucoup autour de la gorge qui vendent leur production aux touristes) vient de serieusement s'entailler le bras avec un coutelas! Dans son malheur, le jeune homme a une veine (sans jeu de mot) indeniable. Quelle chance a t'on quand on se tranche le bras au milieu du desert de Gobi de tomber, dans les 10 minutes suivantes, sur un chirurgien et un anesthesiste equipes de leur dispensaire de campagne? Aussitôt la situation evaluee, la task force medicale se met en branle. Fil et aiguille. Desinfectant. Anesthesie locale. La plaie, pas belle a voir (7-8cm de large), est suturee dans le quart d'heure. Peut-etre ont-ils sauve son bras et son avenir? Franchement, ce n'est pas totalement impensable!
Notre malchance a nous, toute relative, est que Yolyn Am n'est pas glacee a cette periode de l'annee. En general, la glace disparaît a la mi-juillet pour reapparaitre debut septembre. Dommage. La ballade dans cette gorge etriquee fut tout de meme tres belle.
Sortis de la gorge, nous avons encore roule une bonne heure pour, finalement, nous poser dans un petit camp de yourte plante au milieu de nulle part. L'immensite du desert sera notre compagnon ce soir! A peine arrive, on nous annonce que la famille est en train de fabriquer du feutre. Pour les nomades, c'est LA matiere premiere. Il sert a confectionner des vetements ou des matelas et a isoler les yourtes du froid. Comme les plupart des activites des steppes, ce travail est long et fastidieux. Il faut d'abord etaler, de facon homogene, la laine de mouton sur une large surface. Apres l'avoir abondomment asperger d'eau, on l'enroule autour d'une barre de metal qui sera ensuite trainer (aujourd'hui par une voiture, hier par des chevaux) sur plusieurs kilometres pour lier les fibres. Il semble que les gestes n'ont pas changer depuis des siecles et malgre la penibilite de ce travail, la bonne humeur regne chez chacun. J'imagine notre tete, si nous, occidentaux, avions a effectuer ces taches (traires des dizaines de chevres, ramasser des bouses de vaches, preparer l'airak, ...)! Probablement abandonnerions nous au bout de 10 minutes! Ou 2? Trop penible! Travail inhumain! Pourtant, ici, les gens ne rechignent pas et gardent le sourire, rient a la moindre occasion et semblent prendre du bon temps. Leur quotidien, c'est une vie simple, connectee a la terre. Une vie ou l'on a pas le choix, ni le temps de se lamenter sur son sort. Ils vivent au present et profitent de tous les moments. Quoiqu'il advienne. Profiter de l'instant present, ne pas ressasser le passe et ne pas se projeter dans l'avenir, est certainement LA lecon que je ramenerais de ce voyage!

jeudi 20 août 2009

(presque) seul sur les dunes




16eme jour. Khorgoryn Els
Ce matin, l'ensemble de mes compagnons avait opte pour une ballade a dos de chameau. Echaude par une chevauchee similaire au Rajasthan et faisant encore jouer mon cote anticonformiste primaire, je me suis abstenu. J'ai opte pour une nouvelle ascension des dunes et une ballade le long de la ligne de cretes. Memorable. A des moments, j'avais l'impression de marcher sur des sommets pyreneens tellement les cotes etaient abruptes. Peur du vide s'abstenir! Je me suis offert 2h30 de balade, presque seul sur les dunes (a par 200m ou tous les touristes montent, je n'ai croise personne), dominant un paysage surrealiste, a admirer les lignes epurees sculptees par le vent et a ecouter les sables chanter. La descente offre egalement sa part de delice. A chaque pas, on s'enfonce dans le sable jusqu'au genou dans un vrombissement-succion. Au rythme de mes pas, plus ou moins chaloupes, je me suis transforme en chef d'orchestre des sables!
Nous nous sommes tous retrouves pour le dejeuner. Tous ravis par notre matinee nous avons optes pour une apres-midi relache Ne rien faire, ca a du bon aussi!

Le sable qui chante




15eme jour de Bayanzag a Khorgoryn Els.
Gros dodo et antibio ont finalement fait leur effet. Je me sens beaucoup mieux! ;-) Notre journee a commence par la visite frustrante d'un site "mondialement connu" ou a ete decouvert des dizaines d'oeufs, d'os et de fossiles de dinausores. Nous etions, je dois l'admettre, tres excite a l'idee de contempler des restes de tyranausores ou autre brontausores! Mais sur le site en question, plus rien ne subsiste! Pas une poussiere de triceratops! Rien. Frustre nous consultons le guide qui infore: "le meilleur endroit pour admirer les dinausores de la plaine de Bayanzag est le musee d'histoire naturelle de Ulaan Bator"! Les boules! Il ne nous reste plus qu'a imaginer, qu'ici, sous nos pieds, il y a quelques millions d'annees, s'ebattaient les geants du paleolithique. Ca n'attenue pas notre deception!
Depuis notre arrivee dans le Gobi, notre vitesse moyenne de deplacement a fait un bond. Nous sommes passes de 25/30km/h a 60/70km/h. C'est donc filant comme le vent que nous nous sommes rendus a Khorgoryn Els. Le desert de Gobi est, principalement, un desert de caillou mais 3% de sa surface est faite de sable. Une partie de ces 3%, et la plus admirable, c'est Khorgoryn Els, une bande de dune de 12km de large pour 100km de long atteignant les 300m de hauteurs! A peine arrives en face des dunes, aussitôt apres avoir deposes nos bardas (nous dormons ici les 2 prochaines nuits), nous entreprenons l'ascension de ces sommets sablonneux. Mine de rien, meme si ca ne paraît pas extremement hauts, monter 300m de dunes, tres raides (60% par endroits), est incroyablement fatiguant (surtout qu'a chaque pas le sable se derobe sous vos pieds et que finalement vous avez l'impression de ne pas avancer). Une fois en haut, le spectacle en vaut la peine. Les dunes s'etendent a perte de vue engoncees entre deux massifs montagneux. Superbe! Encore plus irreel. Mon pere, avant l'ascension avait evoquer la rumeur que le sable "chantait sur les dunes"! Poesie allemande? Que nenni! Sur les dunes, le sable chante vraiment! Un chant primitif, une sorte de vrombissement, l'impression qu'un avion vous passe au dessus de la tete... sauf qu'il n'y a pas d'avions! Cette vibration, on l'entend et on la ressent, physiquement. La dune vibrait sous nos pieds. Impression etrange d'etre sur un corps vivant. Incroyable! Deroutant! Magique!

PS:pour les chameaux, special dedicace a Max!

Terrasse par une tique mongole



14eme jour. De Ongiin Khiid a Bayanzag.
Journee vaseuse! Il ya 5 jours j'ai ete pique par une tique. Pas de probleme! Les medecins de notre groupe m'en avaient debarrassee illico presto. Ce que nous ne nous doutions pas, ce sont les effets secondaires. Les jours passant, l'endroit de la morsure de la bebete s'est inflamme et aujourd'hui, mal de tete, courbatures et fievres ont ete mes compagnons! Les symptomes de la grippe mongole H2N2! ;-) Heureusement que je ne dois pas passer la frontiere russe dans les jours qui viennent, j'aurai ete bon pour une quarantaine! Pas d'inquietude, nos docteurs et leur dispensaire ambulent s'occupent de moi. Antibio et gros dodo auront vite fait de me remettre sur pied!
Ces petits desagrements ne m'auront tout de meme pas empeche de profiter du paysage toujours aussi impressionnant du desert de Gobi. Le desert a quelquechose de special qui appelle a la contemplation et a la meditation. C'est grisant, envoutant, magique! Difficile a explquer. Ca vous prend a l'estomac et vous apaise!
Anecdote: a notre pause de midi nous nous sommes retrouves encercles de 2CV! Des dizaines de 2CV au milieu d'un bled improbable au milieu du desert. Elles etaient toutes immatriculees en France (dont un bas-rhinois)! En fait, une bande de dejantes participants a un rallye-raid amateur reliant Ulaan Bator a Pekin. 14Jours de rallye en deudeuche sur des routes defoncees en forme de tole ondulee! Ca c'est de l'aventure!

D'un monde a l'autre






13eme jour. De Orkhon a Ongiin.
Aujourd'hui j'ai eu l'impression de prendre l'avion. Vous savez, ce sentiment etrange quand vous partez un matin d'un pays au climat froid pour vous retrouvez quelques heures plus tard accable par une chaleur suffocante. C'est ce qui nous est arrive... en 200km! Hier soir, j'ai mal dormi. Trop froid. Mon duvet est prevu pour des temperatures minimum de 0°C. Ses limites ont ete atteintes. A 6h, frigorifie, je me suis leve pour rallumer le poele de notre yourte. C'est a ce moment la que j'ai remarque que le givre avait envahit les environs. Avant de partir, on nous avait prevenu que les temperatures pouvaient chuter a partir du 15 aout. C'est pour cette raison que nous avons inverse le sens de notre periple. Initialement nous devions d'abord nous rendre dans le Gobi avant de rejoindre le nord du pays mais l'optique de se retrouver dans le nord en deuxieme partie du mois nous a fait reconsiderer notre choix. Je n'aurai jamais cru que ces predictions pussent etre aussi juste.
Cette journee ne devait etre qu'une etape de transition vers le desert de Gobi. Ce fut une journee inoubliable de contemplation. Plus nous plongions vers le sud, plus les montagnes se tasserent, plus la vegetation se rarefia, plus la temperature augmenta. Les yaks laisserent bientôt place a des chameaux! Nous nous sommes retrouves dans des paysages dignes des meilleurs films de Sergio Leone. Le Far East n'a rien a envier a son cousin occidental! Seule difference notoire, ici, les tipis n'ont toujours pas supplante les yourtes! ;-). Avant ce jour, je n'avais jamais imaginer pouvoir passer, en l'espace de quelques heures et de quelques kilometres, d'une saison a une autre, d'un monde a un autre, du sommet de montagnes boisees a un desert de caillous, d'un froid polaire a un soleil de plomb. Et poutant, aujourd'hui, en traversant les avant-postes du desert de Gobi, le regard perdu dans l'horizon infini, je me suis dit: "en Mongolie, c'est possible!"

Les maitres du ciel





12eme jour. De Kharkorin a Orkhon
Ce matin, nous nous sommes leves devant un splendide ciel bleu. Le spectacle d'un toit de nuages tombant a l'oblique vers la terre, tendant a l'horizon vers un improbable point de rencontre, est magnifique. Nous faisons route vers Orkhon. De montagnes en vallees. De vallees en montagnes. Le paysage se deroule encore devant nous. Toujours semblable. Jamais identique. On ne se lasse pas des etendues demesurees des hauts plateaux mongols.
La mongolie est le pays du ciel bleu mais pourrait aussi etre appele le paradis des rapaces. Si l'aigle s'accapare toutes les attentions et les superlatifs, ses cousins proliferent aussi dans le ciel azur de l'asie centrale. Faucons, milans... Les cieux sont balayes par leurs silhouettes profilees. Depuis quelques jours, deja, ces maitres du ciel nous survolaient ponctuellement. A Orkhon, le spectacle de leur multitude fut saisissant. Le ciel etait litteralement mouchete de milans. Virevoltants ou piquants au gre des vents, planants au dessus de l'immensite, leurs ombres projetees au sol, les rapaces s'ebrouaient a quelques metres de nos tetes! Une allemande, rencontree a Pekin, nous avait assure qu'un aigle etait passe si pres d'elle en Mongolie qu'elle avait pu entendre le bruit de ses plumes! Marie en revait depuis. Malheureusement, malgre l'extreme proximite des rapaces, la poesie germanique a ses limites que la realite n'entend point!

lecon d'humilite






11eme jour. Pres de Kharkorin.
Ce matin le reveil a ete glacial! Pas de pluie mais pas de soleil non plus. Dans une vaste pleine dechiree par les vents le resultat fut imparable! Ca caillait! Nous avions tous l'air, endimanches dans des couches et des couches de vetements, de membres d'une expedition polaire! La journee fut coupee en deux. Petit a petit le soleil nous a rechauffe. Nous avons pu nous fondre dans le rythme de vie des familles nomades mongols. Une vie de terrien! Aller chercher de l'eau a la riviere, recolter les bouses de vaches (il n'y a pas d'arbres dans la steppe donc pas de bois, la bouse sechee fait office de combustible), s'occuper des betes, faire les foins pour preparer l'hiver. Le travail ne manque pas aux habitants des steppes! Malgre ca, ils vivent de peu. Deuxieme lecon d'humilite. Apres la terre, les hommes. Nous nous rendons compte, encore une fois, a quel point nous avons eu de la chance de naitre au meilleur endroit! Respect pour ceux qui n'ont pas eu notre chance et qui ne s'en plaignent pas!
Ici, la famille detient plus de 300 tetes. Vaches, moutons et chevaux. Nous avons assiste (et pour certains participe) a la traite des juments. Son lait est mousseux mais beaucoup moins cremeux que celui de la vache. Une fois extrait, le lait est longuement battu a la main pour qu'il se transforme en arak. Le fameux lait de jument fermente. C'est pas pas imbuvable mais pas franchement bon. Il etait drole de voir nos tetes quand nous avons essaye. Chacun tentant de cacher le petit rictus qui l'assaillait. Nous en avons bu pas mal car quand quelquechose est propose dans une yourte, il est de tres mauvais ton de refuser!
Pendant que nous nous familiarisions a la vie des steppes nos chauffeurs ont entrepris de reparer un de nos mini-vans. Probleme de rotule de roues (je peux pas trop en dire trop, j'y connais rien). Le probleme qui devait etre resout en une vingtaine de minute s'est transforme en usine a gaz. 4H de reparations. Heureusement, qu'aujourd'hui etait une journee off. On a quand meme ete impressionne par la dexterite mecanique de nos chauffeurs. Ils connaissent par coeur leur vehicule. Au boulon et au joint pret. Nous voilà rassures quant a la suite de notre periple.
Apres un dejeuner printanier (le temps change vraiment tres vite!), de gros nuages sont arrives, tres vite succedes par la pluie. Back to the yourte! Nous en avons profite pour apprendre d'autres facettes de la vie mongole. Peut etre un peu plus urbaine. Les jeux de cartes! Apres-midi ludique dans une yourte chauffee a la bouse de vache! Depaysement assure!

Sous la pluie




10eme jour. De Tsertseleg a Kharkorin.
La Mongolie est surnommee la pays du ciel bleu car elle est irradiee de plus de 260 jours de soleil par an! Malheureusement pour nous, la plupart des 100 restants tombent en ete. Froid extreme ou pluie, il faut choisir! Aujourd'hui, c'etait pluie... et froid! L'equation est simple, la chaleur est estivale quand le soleil brille et les temperatures chutent des que le moindre nuage vient obscursir le ciel.
Notre journee a commence par un petit trajet en voiture (a peine 4h). Certains s'habituent de plus en plus a notre mode de vie et ne sont plus derange par le tumulte de la route. Dormir dans les cahots n'est plus un probleme (enfin pour la famille Dro!)! Le point d'orgue de la journee etait la visite du plus important temple du pays: Erdene Zuu Khiid. Comme la plupart des temples mongols, il fut detruit lors des purges sovietiques des annees 30. A son apogee, plus de 2000moines meditaient en son sein. Reouvert apres la chute du regime communiste, il revient tout doucement a la vie. Pendant que mes compagnons avaient droit a une visite guidee (moi, j'aime pas les visites guidees... ;-) Trop lent ou trop rapide selon les moments, en tout cas rarement a mon rythme!), j'ai pu assister a un office pendant plus d'une heure. Le chant des moines est toujours aussi beau et intriguant! Ce soir nous dormons dans les yourtes d'une famille mongole dont nous partagerons le quotidien demain! Apres une bonne dose de spirituel, il sera bon de remettre les pieds sur terre!

jeudi 13 août 2009

Journal de bord

Au vue du caractere exceptionnel de cette periode, j'ai decide d'opter pour une autre forme de recit. Ce choix est base avant tout sur une raison pratique. J'avoue avoir tente de faire un resume de nos journees mais devant la foison d'evenements que nous (je?) traversons, j'ai ete confronte a un enorme probleme d'ecriture. Trop long. Trop lourd. Trop de choses a dire. N'arrivant pas a faire le tri, j'ai pense qu'un journal de bord journalier (et quelques photos) rendrait mieux compte de notre vie et serait plus accessible a nos lecteurs. D'un point de vue plus narratif, l'idee d'un changement de forme pour ce "voyage" dans le voyage me parait interessant et coherent!

PS: Vous trouverez ci dessous les 9 premiers jours de notre periple. Pour le reste, vous n'y aurez peut etre pas droit avant notre retour a UB le 24! Desole!

Happy Birthday



9eme Jour. Du lac blanc a Tserterleg.
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Marie. Un anniversaire sans croissant au petit-dej' et sans gateau surmonte de bougies. Helas, tout ca est difficile a trouver au milieu de la steppe (surtout les croissants)! Pas d'ostentation en ce jour mais l'essentiel. De l'amour, la famille, des rencontres, des decouvertes. Pour ma part, je reste un peu surpris qu'elle me supporte depuis plus de 4 ans (et surlut la derniere!) et je mesure chaque jour la chance que j'ai!
Hier soir, j'ai discute avec un chauffeur qui parlait anglais. Nous avons evoque la situation du pays avant et apres le chute du communisme. Pour lui, la vie etait plus facile sous l'ere sovietique. Plein emploi, pas d'enfants abandonnes dans les rues, education et sante gratuite pour tous. "A cette epoque, tout le monde vivait sur un pied d'egalite" m'a t'il dit. Toutefois, il ne reviendrait en arriere pour rien au monde. Ce dont il ne peut plus se passer, c'est la liberte. Liberte de s'exprimer, de s'exclamer, de s'offusquer, de denoncer, de voyager, de voter, de choisir! La liberte, ca n'a pas de prix!

La vie a 9!




8eme Jour. Lac blanc.
Journee de relache au bord du lac. Ouf! J'arrivais a saturation. Il n'est pas evident pour nous (moi en particulier) de se retrouver apres 9 mois avec 7 autres personnes a suivre le rythme d'un tour organise. Jusqu'à maintenant nous n'avions voyage qu'a 4 maximum (et encore pas plus d'une semaine) et toujours a notre rythme. Nous savions des le depart que ce bout de voyage serait different. Nos compagnons n'ont que 3 semaines et veulent en profiter au maximum en faisant un maximum de chose. Nous n'avons plus l'habitude de cet "hyper-activisme". Pour nous, point trop n'en faut! Tout ca m'a pese ces derniers jours. Il n'est jamais facile de se refaire a un nouveau rythme! Surtout l'occidental! Tout est trop! J'apprehende deja pour le retour! Aujourd'hui, je n'avais qu'une envie, me retrouver seul avec Marie. Ce matin, pendant que le gros des troupes s'est organise un tour a cheval, Marie et moi avons opter pour la grasse mat'! Cette apres-midi nous sommes partis tous les 2 gravir une montagne. Personnellement ce fut une bouffee d'oxygene (au propre comme au figure). J'ai l'impression d'avoir recharge mes batteries et d'etre de nouveau pret a me fondre dans la cadence de notre groupe. Une petite pause et ca repart!

Grosse fatigue.



7eme jour. De Moron au Lac Blanc (aka Tsagaan Nuur)
On nous avait prevenu. Aujourd'hui serait la plus grosse journee de route. Nous devions rallier Moron au lac blanc. Depart a 8h30. La journee fut longue. Harassante meme. Nous sommes arrives apres 20h. 12H sur les pistes a se faire secouer. A la longue, notre endurance a ete mise a rude epreuve. Mal au dos. Mal au cou. Mal a la tete! J'etais tellement ereinte a l'arrivee que je n'ai qu'a moitie apprecier le magnifique spectacle du lac blanc (pourquoi blanc? Son eau est bleu marine!) à la lumiere rasante de la fin de journee.
Nous l'attendions depuis un petit moment. Ca y est! Nous avons vecu notre premiere panne (je ne compte pas les crevaisons... Trop commun!). Problème de boite de vitesse. Nous etions presque contents que cela se produise. Un, parce que ca fait partit du voyage et que ca nous a permis d'apprecier les qualites de mecanicien de notre chauffeur. 2, parce que cela nous offrait une pause appreciable au milieu de la journee. Nous avons sorti des tentures et nous sommes allonges dans l'herbe, bouquins a la main. Tranquilles! En 30mn, nous etions prets a repartir. Dommage. Nous serions bien restes plus longtemps a profiter du paysage, du soleil et du temps qui passe!

Nadaam





6eme jour. Khovsgol a Moron.
Ce matin, nos chevaux ont ete avances. Mon cher pere a un peu mal au jambes et s'abstient. N'etant pas fan d'equitation (j'en ai jamais fait d'ailleurs), je m'abstiens aussi. Laissons partir les autres et profitons d'une heure entre pere et fils. Ca ne nous arrive pas si souvent! Apres le retour des cavaliers, nous filons directement a l'extreme sud du lac. C'est la que la nadaam est organise. C'etait un mini naadam. La course de chevaux a eu lieu tot le matin (nous l'avons ratee!) et il n'y avait pas de tir a l'arc. Restait la lutte! J'a failli m'inscrire mais j'ai fini par y renoncer devant la carrure des participants (meme en junior je seras fait ecrabouille). Il y a un goût de sumo dans ce sport (d'ailleurs beaucoup de mongols se reconvertissent dans le sumo. Il paraît qu'ils y excellent!). Le combat commence par une petite ceremonie. Une danse. Le lutteur imite le vol de l'aigle. Tres gracieucement pour ces mastodontes. Apres le rituel, le combat commence. Le but? Faire mettre le genou a terre a son adversaire. Le vainqueur effectue une nouvelle danse puis recoit du fromage et le lance au ciel (un peu comme le sel au sumo). Si vous reussissez a attraper un bout de fromage au vol, c'est la chance assuree! On a pas reussi! Tant pis! Apres le nadaam, notre objectif etait de depasser Moron pour gagner quelques heures sur la longue journee de route de demain... et de dormir dans la steppe. Mais un arret impetueux pour voir des steles de l'age de bronze (pas tres interessantes) a rendu ce projet caduque. Va pour dormir a Moron! Au moins, nous aurons le plaisir d'une douche chaude!

Democratie familiale




5eme jour. Khovsgol
Vraiment haut de gamme le service. A peine reveille, quelqu'un est venu rallumer notre poele, nous apporter du pain frais, de la creme et du lait! Royal! Il ne pleut plus mais le temps est menacant. Nous decidons d'une balade. Objectif: pouvoir admirer le lac dans son ensemble! Hop, on prend les voitures pour une petite heure de route. Chemin faisant, nous nous arretons devant un tipi. Oui, comme les indiens! Une ethnie mongole l'utilise. Ils ont des rennes aussi. Rencontre. Leurs cornes ont des poils et sont super doux! ;-) Apres une operation shopping, nous avons entame notre ascension. 3H aller, 1h30 retour. Et de multiples averses au milieu. Le trek etait un peu dur et j'avoue avoir eu un peu peur pour mon pere au debut (il a quand meme 66ans) mais il s'en est tres bien sorti. ;-) La vue du sommet valait bien les efforts consentis! Au retour, nous testons la democratie participative. Certains voudraient (enfin moi!) modifier legerement notre programme initial. 1H30 de palabres et d'argumentations. Vote. 7 contre 2 pour la modification. Je m'en vais annoncer notre desir a nos chauffeurs... qui me disent que la modification souhaitee existe deja dans notre programme!?! Probleme de comm' a UB! Tout ca pour ca! Autre nouvelle. Un nadaam est organise demain au bord du lac! Le nadaam, ce sont les Jeux mongols. Tir a l'arc, course de cheval et lutte. Le grand Nadaam national a lieu a la mi-juillet. Des petits sont organises parcimonieusement durant l'ete. On pensait que nous ne pourrions pas en voir. La chance est avec nous!

Sous la pluie



4eme jour. De Moron au lac Khovsgol.
Il pleut. C'est le deluge! Des trompes d'eau s'abattent sur nous. La temperature tombe en meme temps que les cordes. :-( En chemin nous croisons un ovoo. Pas d'hesitation, j'enfile mon imper' et accompli les 3 tours rituels. "Du beau temps, SVP"!!! Khovsgol est une des principales attractions du pays. 120Km de long pour 30 de large, un ecrin de montagnes et un manteau de pins et de melezes. Impressionnant et un petit air de paysage alpin! On nous a dit que son eau etait tellement pure qu'elle etait potable! Franchement, on a pas essaye. Il ne faut mieux pas tenter le diable. Nous sommes arrives chez une famille qui nous a loue 2 yourtes au bord du lac. Service haut de gamme. Le poele a ete allume avant notre arrive! Ca fait du bien de pouvoir se mettre au chaud. Ce soir nous avons assiste a la traite des yaks... et goute ce nouveau breuvage. C'est bon, pas tres different du lait de vache. Peut etre un peu plus cremeux. Demain, nous allons pouvoir nous degourdir les jambes. Enfin! Nous commencons a en avoir un peu ras le bol de la voiture!