samedi 10 octobre 2009

Home sweet home


336 jours, 38000km, 145 lits testes, 77 livres lus, 5000 photos conservees, 10600 euros depenses, ... Ce sont les chiffres, definitifs, de notre voyage... maintenant termine. Des chiffres revelateurs, cocasses ou instructifs. C'est selon. Des chiffres, pourtant, qui ne sauraient resumer la realite de cet annee passee a silloner les meandres de l'Asie. Combien de sourires? Combien de clins d'oeil, de tapes dans le dos, de fous rires, de poignees de mains chaleureuses? Combien d'emerveillements et de moments de bonheur? Combien d'idees partagees? Combien d'heures a refaire le monde? Les petits rien de la vie resteront les grands moments de ce voyage. Son ame!
Difficile de resumer 11 mois de voyages en quelques lignes. L'annee fut bien remplie et peut-etre manque-je un peu de recul pour faire le tri. Les idees et les impressions s'entrechoquent dans ma tete. Bien sur, nous n'oublieront jamais les temples hindoux, les volcans d'Indonesie, les rizieres vietnamiennes, la muraille de Chine ou les vastes plaines de Mongolie. Ces paysages magnifiques ont servit de toile de fond a nos aventures. Mais ce qui nous a nourrit, ce fut les rencontres. Autochtones ou voyageurs, nous avons croise une multitudes de gens. Amicaux, curieux, droles, interessants, genereux. La soif, partagee, d'echanger les uns avec les autres nous a reunis. La sincerite, la simplicite et l'humilite de nos echanges nous a marque au coeur et charge d'energie positive. Leur facon de vivre, leurs idees sur le monde a ete une source d'inspiration inepuisable.
J'espere que nous arriverons a tirer les bonnes lecons de ce periple. Que nous serons encore plus ouverts, plus simples, plus attentifs aux autres, plus genereux, plus conscients, plus vivants, plus zen... Plus heureux!
Love

PS: Pour le fun mais aussi parce que ca peut vous donner des idees de voyages, nous avons etablis des classements... Voici nos tops 3!

Top3 (de nos pays preferes)
1. Inde
2. Indonesie
3. Chine

Top3 Culture
1. Inde
2. Chine
3. Thailande

Top3 Paysages
1. Indonesie
2. Vietnam
3. Mongolie

Top 3 Cuisine
1. Thailande
2. Chine
3. Inde

Top3 People
1. Indonesie
2. Inde
3. Mongolie

Top3 sites naturels
1. Volcan Ijen - Indonesie
2. Khongoryn Els - Mongolie
3. Rizieres en terrasses - Vietnam

Top3 sites culturels
1. Grande Muraille - Chine
2. Sun Temple - Inde
3. Grottes-temples de Datong - Chine


PS2: L'image. J'ai hesite. Fallait-il conclure avec une photo de Marie et moi? Nous en avons tres peu. Une photo de Strasbourg? Sous la grisaille depuis notre retour, ca faisait triste. Une photo qui aurait pu resumer ce voyage? Difficile! Alors, j'ai opte pour ce dessin. C'est le modele du tatouage que je me suis fait au Vietnam. Une des lecons, tiree de notre experience, que je tenais a garder avec moi. C'est du tibetain et ca veut dire? "Les blancs sont assez betes pour s'ecrire n'importe quoi sur le bras"? Non. Enfin, peut-etre! Qui sait? A priori, ce serait plus: "Ce qu'il te manque, cherche le dans ce que tu as". ;-)

samedi 3 octobre 2009

L'atterrissage















« L'important n'est pas la chute, c'est l'atterrissage », disait le film. Vu a quoi ressemble la chute, nous commencons a apprehender l'atterrissage! Nous continuons a traverser l'Europe. Prague. Republique tcheque. Avant-derniere etape avant le retour annonce. Ce retour progressif a la civilisation occidentale etait cense nous attenuer le choc culturel. Est-ce le cas? Je n'en suis pas sur! Certes les villes d'Europe sont belles. Architecturalement parlant. C'est propre, joli, tout marche bien... une belle mecanique bien huilee. Trop. La vie semble s'etre echapee de ces lieux. Plus nous nous baladions dans ces villes chargees d'Histoire (Moscou, Kiev, Lviv, Cracovie et maintenant Prague), plus j'ai eu l'impression d'evoluer au milieu d'une nature morte. Beau tableau, certes, mais... Il me semble qu'il manque quelquechose. En Asie, nous pouvions nous pauser a un carrefour et observer pendant des heures la vie se derouler autour de nous. Jamais identique. Chaotique. Parfois violente. Riche. Ici, au bout de 10 minutes, nous avons l'impression que le film tourne en boucle. Repetitif. Ennuyeux. La nostalgie nous etreint de plus en plus! Deux sentiments nous tiraillent. Une farouche envie de retourner en arriere pour que l'aventure continue et le desir de, enfin, poser nos valises et de se retrouver chez nous! Une chose est sur, l'entre-deux ne nous convient pas (malgre les belles rencontres que nous y avons fait). Go back! Go home! Entre les deux, notre coeur balance!
Meme si nous avons eu, quelquefois, l'impression d'errer, l'ame en peine, dans cette Europe de l'Est qui ressemble de plus en plus rigoureusement a l'Europe de l'ouest, nous avons, aussi, mis a profit notre temps dans ces c
ontrees pour effectuer une visite indispensable: Auschwitz-Birkenau. Un devoir de memoire necessaire et universel. Egalement un pelerinage personnel et familial. De par mes ascendances juives. De par mon grand-pere, qui y a passe 2 annees de sa vie (et est revenu!). Je m'etais toujours promis de venir ici! Nous avons passe une journee dans le camp. De Auschwitz, maisons de pierre, ancienne garnison polonaise, transformees en musee (tres instructif) a Birkenau, laisse en l'etat, effrayant par sa taille, son rail unique, voie sans issue traversant son portail, ses baraques en bois ou s'entassaient les victimes des nazis et les chambres a gaz, en ruines, detruites par les SS pour tenter d'effacer les traces de leur ignominie. Il etait etrange et emouvant d'imaginer mon aieul evoluer dans ces lieux, dans ces baraques et d'approcher l'horreur qu'il a du endurer et que nous n'avons, malheureusement, jamais pu evoquer ensemble...
Un post qui sent un peu la deprime, non? Desole! Mais c'est comme ca! Allez, encore une petite semaine (a peine) et nous serons la! Dans une petite semaine, nous n'aurons plus a empaqueter et a vider nos sacs a dos, plus a les porter, plus a faire attention a nos passeports! Nous serons a la maison! Enfin! Et je suis sur que vous revoir va nous remonter le moral! A+

dimanche 20 septembre 2009

Europa!











Les posts se font rares. Oui, je sais! Que voulez vous? Les circonstances sont ainsi faites. Les monts de l'Oural ont ete franchi. Nous foulons de nouveau le sol de l'ancienne Europe. Les occasions de vous raconter des observations ou anecdotes pertinentes se font rares.
L'Europe est ce qu'elle est et vous la connaissez. Le depaysement s'est reduit a une peau de chagrin. Nous ressemblons maintenant a 2 touristes lambda visitant les grandes villes europeennes. Cela a son charme mais ce n'est evidemment pas ce que nous preferons. L'idee que, quitte a etre en Europe, nous serions mieux dans nos penates s'installent doucement. Ce ne devrait tarder. Une petite quinzaine... Nous commencons a etre impatients... de vous revoir!
Bientot, la Russie ne sera plus qu'un doux souvenir.
Les 2 semaines que nous avons passe ici furent agreables. Le lac Baikal. Le Trans-siberien. Depuis, mon dernier message nous avons effectue le long voyage de la Siberie a Moscou. 78H de train et 5150km avales. Une experience que nous voulions absolumment accomplir. Voilà, c'est fait! ;-) Ce ne fut pas le periple le plus excitant que nous avons effectue. Des paysages de forets a n'en plus finir. Beaucoup de lecture. Nous en avons surtout profite pour nous reposer. C'est deja pas si mal. Ne rien faire, c'est bien aussi! Nous avons aussi fete mon anniversaire dans ce train mythique. A grande rasade de vodka, accompagnee par deux charmantes hotesses russes!!! Finalement, seul le 3eme jour, les 3/4 dernieres heures, nous ont paru un peu longues. L'impatience de l'arrivee!
Nous avons decouvert Moscou, sa place rouge et sa basilique St-Basil, son metro grandiose aussi! La ville est vraiment belle. Son rythme est europeen. Quel choc de se retrouver dans un metro avec des centaines de gens qui courrent dans tous les sens. Nous etions un peu perdus! ;-) Tout cela est tellement different de ce que nous avons vecu pendant les derniers 10 mois.
Anecdote sur le quotidien des russes: nous avions a poster 3 cartes pour nos filleules. Nous nous rendons donc a la poste la plus proche. La, la guichetiere nous annonce qu'il n'est pas possible d'envoyer des cartes!?! Il faut les mettre dans des enveloppes. C'est con... mais nous obtemperons, enfournons nos cartes et reinscrivons les adresses. Retour au guichet. Ca ne va pas! Les adresses sont ecrites avec l'alphabet latin et pas le cyrillique!!! On nous rappelle que nous sommes en Russie! Les adresses doivent etre inscrites en cyrillique! Encore une fois, pas le choix, nous obtemperons. A cote des adresses francaises, nous inscrivons les adresses en cyrillique (heureusement, nous etions avec nos hotes de CouchSurfing). Bonjour bordel et bravo au postier francais qui s'y retrouvera! Retour dans la file d'attente. La postiere annonce soudain que dans 5 minutes, ce sera la pause dejeuner. Elle risque de nous fermer le guichet au nez. Nos hotes nous disent que ca arrive souvent. Nous sommes incredules. Jamais nous n'aurions pense qu'il etait aussi difficile de poster une carte postale. Finalement, juste avant l'heure fatidique, nous repassons au guichet et achetons les timbres... mais la guichetiere refuse de prendre les cartes. Nous n'avons qu'a les poster dans la boite aux lettres derriere la poste! Sic. Chose faite. Il ne reste plus qu'a attendre et voir si elles arriveront. Ah! J'oubliais! Temps total de l'operation: 1h!!!!
Ce soir
, nous prenons le train pour Kiev. Notre retour se precise. Nous l'estimons a une quinzaine de jours. Entre temps, Kiev, Lviv, Cracovie, Prague et Munich auront ete visite. Ce post est peut etre l'avant dernier. Au mieux (ou pire) l'antepenultienne. Nous allons bientôt pouvoir vous resserrer dans nos bras. On s'en rejouit!

samedi 12 septembre 2009

Siberie m'etait contee...







Le long voyage de retour commence. Nous avons quitte Ulan-Bator avec un pincement au coeur. C'est fou comme quelques semaines suffisent pour commencer a avoir des reperes et des habitudes. Nous commencions a nous faire a "notre" nouvelle ville, a tisser des relations, voire meme des amities. Nous etions tristes de quitter Bilegt et sa famille. Jargal aussi. Tristes mais excites a l'idee de reprendre la route, decouvrir un nouveau pays, devoir, de nouveau, nous debrouiller par nous memes.
Pour ce qui est de nous debrouiller, avec la traversee de la frontiere, nous avons ete gate! Le mythe de la bureaucratie russe n'en est pas un. Passer ce satane poste russo-mongol fut une aventure. Une lecon de patience, plutot. Explication. Nous sommes arrives a Altanbulag (la ville frontiere mongole) a 6h30, bien emmitoufles dans nos habits (ca frisait allegrement le 0°C), en compagnie de Konstantin (un serbe rencontre a la descente du train et qui va nous accompagner 2 jours). Jusqu'ici, tout va bien. La frontiere n'ouvrant qu'a 8h (puis finalement a 9h), nous avons patiemment sirote un dernier the au lait sale. Apres avoir change nos derniers togroks en roubles (une histoire, ca aussi), nous nous sommes mis en quete d'un vehicule pour pouvoir traverser (il est interdit de passer a pied!). Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous embarquons dans un mini-bus qui est stationne devant la barriere. Il est 9h. Une longue attente commence. Des voitures passent au compte-goutte. Quelques camions aussi. Au mieux, un vehicule toutes les 20 minutes. Mais le notre reste deseperemment en plan. On ne peut pas dire que le metier de douanier soit ereintant! Notre patience s'effrite petit a petit. A 10h30, n'y tenant plus, je me decide de stopper la prochaine voiture et lui demander si nous pouvons traverser avec elle! Une voiture rouge s'approche, blindee de stickers. Elle est conduite par un portuguais qui vient de finir un rallye. Notre chance de la journee! Deja parce que nous pouvons communiquer en anglais. Ensuite car lui et son compagnon, un anglais, nous acceptent volontiers! Ni une ni deux, nous sortons nos sacs du mini-bus et nous engouffrons dans notre nouveau vehicule. Il fallait voir ca! L'improbable equipage portugo-anglo-serbo-francais, avec tout son barda, engonce dans une petite toyota 3 portes vieille de 23 ans! C'est simple, j'ai cru qu'elle allait rester scotcher sur place! Nous avons passe le poste mongole sans trop de probleme (a peine 1h). 11h30, nous arrivons devant une grille. A quoi elle sert? Je ne sais pas, mais elle est fermee! Je crois que c'est la pause de midi du cote russe. Une nouvelle attente commence. Franchement, entre 9h et 12h, moins de 10 vehicules sont passes! Incroyable. Notre compagnon anglais devient fou. Il doit absolumment quitter le sol russe aujourd'hui!!! Oui. Le jour de son entree. Trop long a expliquer mais c'est comme ca!
Enfin, a 13h, les grilles s'ouvrent. Nous passons et arrivons au poste russe. La, on comprend pourquoi tout ce cirque prend autant de temps. Nos passeports et visas ne sont pas controles, ils sont disseques! Analyses a la loupe, passes dans une machine, amenes dans un bureau, ramenes, re-analyses, re-verifies, re-amenes dans un bureau puis re-amenes puis repasser dans une machine (qui apparemment ne marche pas!!!). Bref, mes documents sont partis, revenus, repartis et revenus, avant que la douaniere, apres avoir passe 5 minutes a regarder la photo de mon passeport, puis moi, etc, ne me declare (par geste, vu que je comprends rien au russe): " Vous vous etes laisse pousser la barbe"? "Bin, je suis pas rase, oui"! Quelle perspicacite! Finalement, elle nous a rendu nos sesames et nous avons enfin pu penetrer en Russie. Un dernier petit contrôle (avec un douanier oblige de se contorsionner pour nous apercevoir, on etait litteralement enseveli sous nos sacs) pour la route et c'est parti. Siberie, nous voila! Il etait 14h30!
C'est fou, les frontieres. Nous ne nous en rendons pas compte en Europe (nos pays se ressemblent tellement) mais ca peut etre comme une machine a voyager dans le temps. En a peine 10km, on peut faire un bond de plus ou moins quelques decennies. En avant ou en arriere, c'est selon. Et malheur, a ceux qui habitent du mauvais cote. Nous nous en etions deja rendu-compte, il y a 3 ans entre la Thailande et la Birmanie. Le passage Mongolie-Russie est analogue. 30 ans de moins en Mongolie. 30 ans de plus en Russie. Ici, nous avons tout de suite senti que nous etions entres de plein pied en Europe (meme si geographiquement, l'Oural est encore loin). Ok, pas l'Europe occidentale mais l'Europe quand meme. Kiakhta, la premiere bourgade russe ou nous nous sommes arretes, ressemble en tout point a une bourgade d'Europe de l'est. Eglise, magasins, vetements, meme les visages (l'ethnie russe s'est comportee comme l'ethnie Han, en Chine. Ils ont mis en place une incroyable politique de migration et d'implantation -aussi grace aux goulags- pour etre majoritaire partout et assoir ainsi sa legitimite sur ces territoires)!
A nouveau continent (au moins culturellement), nouveau systeme pour voyager. Nous experimentons le couchsurfing! Quesako? Couchsurfing, c'est une communaute, et un site internet, qui se propose d'heberger, gratuitement, des voyageurs chez soi. Plusieurs acolytes rencontres cette annee nous en avaient parle. Nous avons decide de sauter le pas. D'abord maintenant comme accueillis, bientôt comme accueillants. Le gain economique est enorme (les prix de l'hebergement sont maintenant identiques al' Europe... Trop sales pour notre budget!) et cela permet de faire plein de rencontres, de decouvrir une ville autrement... Du bonheur quoi!!
Apres 2 experiences reussies (A Ulan-Ude et a Irkoutsk) et un petit avant-gout du trans-siberien (8h entre les deux villes), nous nous sommes rendus au lac Baikal. Majestueux. Immense (400km de long), le lac aimante tous les superlatifs. Plus grande reserve d'eau douce du monde. Lac le plus profond du monde (plus de 1500m). Il s'etend a perte de vue et donne l'impression de se trouver a cote de la mer! Nous sommes restes 2 jours a sillonner les montagnes avoisinantes, plonger notre regard dans son eau cristalline et a admirer les maisons en bois traditionnelles de Siberie. La chance nous a souri (encore?) et le temps etait particulierement clement (soleil et temperature printaniere) ce qui nous a permis de contempler, au loin, les sommets enneiges. Rafraichissant. Je pense que le lac Baikal sera le dernier site naturel que nous visiterons pendant ce voyage. Nos prochaines destinations seront plus urbaines... Ca fait bizarre de se dire ca. Ca sent la fin!
Aujourd'hui, nous sommes retournes a Irkoustk d'ou nous allons prendre dans quelques heures le fameux trans-siberien (le plat de resistance cette fois!). Dans 3 jours, nous aurons passe l'Oural, seront de nouveau en Europe, la vraie, et decouvrirons la place rouge et la basilique St-Basil. Ceci sera la prochaine histoire. A+

PS: les photos. la 1, l'improbable equipage enfin arrive en Russie. La 2, le fameux Moscou - Vladisvostok!. La 3, femme en attente devant le lac Baikal. La 4, le lac! Ne se croirait-on pas au bord de mer. La 5, une maison typique de Siberie.

jeudi 10 septembre 2009

Bilan: Mongolie



Ca y est! Nous sommes sortis du pays du ciel bleu. Nos derniers jours en Mongolie ont ete consacre a du travail benevole dans un orphelinat. 5 Jours de labeurs et de decouverte d'autres aspects de la vie mongole. Preparation de la rentree pour Marie. Construction d'un batiment devant accueillir une maternelle pour moi. Un travail de col bleu pour le col blanc que je suis. Ce ne fut pas facile tous les jours. Courbatures, ampoules et froid! Je me suis decouvert des muscles dont je ne connaissais pas l'existence. ;-) Travail gratifiant tout de meme. Par les relations que j'ai tisse avec les autres travailleurs. Par la vision de ce batiment qui s'eleve. Au final, je suis tres content de la diversite des travaux humanitaires que j'ai effectue durant cette annee. Enseignement. Realisation d'un film. Construction. Differentes facettes des besoins des populations locales et toujours des contacts d'une richesse inouie!
Durant nos derniers jours ici, l'hiver s'est installe tout doucement et les temperatures ont flirte avec le 0°C. Pas encore de neige mais ca ne saurait tarder. Ce sera peut-etre pour la Siberie? En attendant de decouvrir cette (tristement?) celebre region, je me dois de tirer un bilan de notre periple mongol.
Je ne sais pas pourquoi, celui-ci me semble plus difficile que les precedents. Peut-etre parce qu'il annonce le chemin du retour? Pourquoi est-ce que ca a du mal a sortir cette fois? J'avais des conclusions plus evidentes sur les autres pays. Saturation? Peut-etre! Peut-etre aussi que la Mongolie est plus difficile a apprehender! En transition. Tiraillee!
Le premier tiraillement de la Mongolie est politique. Coincee entre deux geants, elle est le trait d'union entre plusieurs spheres d'influence. L'europeenne et l'asiatique. Le chretienne et le boudhiste. Quand nous sommes arrives a Ulan Bator, il est apparu evident que nous etions dans un monde different de celui ou nous avions evolue ces derniers mois. Une vague impression de se retrouver en Europe. Ou presque. Pas l'Europe que nous connaissons. A la fois plus ancienne (de quelques decennies), plus orientale (ex-communiste en somme) et teintee de boudhisme. Un mix. Poreux.
Ce qui frappe le plus en Mongolie, ce sont les grands espaces! Imaginez 2,5millions d'habitants sur un territoire 4 fois plus grand que la France. 2,5 millions d'habitants dont un million s'agglutine en son centre nevralgique, Ulan Bator! Le reste du pays est quasiment inhabite. L'exode rural est massif. Les capitales de provinces depassent a peine les 20 000 habitants. La vie nomade a du plomb dans l'aile. Pour les nouvelles generations, la magnificience des paysages, la sensation de liberte et le sentiment de serenite ne font pas la poids face aux scintillements de la ville. Qui pourrait le leur reprocher? Aujourd'hui, il existe 2 Mongolie. La rurale et l'urbaine. La seconde prenant progressivement le pas sur la premiere.
La mongolie des champs, c'est celle qui correspond a nos images d'Epinal mentales. Une vie qui n'a que peu (abstraction faite des antennes paraboliques et des panneaux solaires) changee depuis le temps de Genggis Khan. Les grands espaces. Les fiers cavaliers dresses sur leur chevaux. La vie sous la yourte, rythmee par la succession des saisons. Une vie simple, rude et exigente. Une vie tournant autour du cheptel (moutons, chevaux, chevres, yaks ou chameaux) et de ses besoins. Un monde ou l'entraide familiale est une necessite, ou les contacts avec les autres sont rares mais ou l'hospitalite n'est jamais dementie. Qui que vous soyez, d'ou que vous veniez, la porte est toujours ouverte et votre bol toujours rempli. The au lait sale, fromage et creme, lait de jument fermente, moutons... beaucoup de moutons. Les rustiques specialites culinaires mongoles se sont revelees, au contraire de nos craintes, savoureuses! L'hospitalite mongole est sans effusion, discrete, parfois rugueuse. On fait ce que l'on a a faire et on en rajoute pas.
L'autre Mongolie, la nouvelle, c'est celle des villes. La moderne qui decoule de l'epoque communiste. Je l'ai dit, celle-ci est en pleine mutation. La vie des mongols s'est deplacee vers les centres urbains, vers une vie plus moderne. Nous avons pu l'observer et y prendre part, que ce soit de son cote aise (chez nos hotes, Bilegt et Mejet, en partageant le quotidien de leur famille ces 15 derniers jours) ou d'un cote plus modeste (dans la famille de Jargal, notre interprete durant le tour). En Mongolie, la vie tend a s'occidentaliser. Nous sommes encore loin des standards europeens. Notre opulence n'est que le reve a atteindre. Le superflu est rare mais le niveau de vie general est decent. L'eau courante et le chauffage centrale sont la norme. L'acces a l'education, l'hygiene et la sante sont largement repandus. La modernite et son materialisme frappe de plus en plus fort a la porte du quotidien des mongols. Les telephones portables pullulent. Les grosses voitures deambulent dans les rues de UB. Les femmes se promenent en haut talons, courtes jupes et lunettes de soleil. Revers de la medaille, une extreme pauvrete persiste a Ulan-Bator, resultat inherent de l'exode rural massif.
Bilegt nous l'avait dit. La Mongolie n'a rien a offrir hormis son peuple et ses paysages. Son peuple, je viens de l'evoquer. Rude mais riche et genereux. Les paysages mongols sont a l'image du peuple qui l'habite. Taïga, steppes, desert, dunes de sables, montagnes, lacs, gorges. La richesse des paysages mongols est epoustouflante, innombrable. La beaute sauvage est a la sortie de chaque col, au detour de chaque vallee. L'immensite des plaines, l'infini horizon, le ciel bleu azur... Nous n'avons pas cesse d'etre emerveilles.
Pour finir, une constatation. La Mongolie est une destination a la mode. En France! Les ressortissants francais sont, de loin, les plus nombreux sur les pistes et chemins mongols. Pourquoi? Predilection pour les grands espaces? Amour immodere des chevaux? Recherche de l'authentique? Va savoir! Les voies de la mode touristique sont impenetrables! Peut-etre faudrait il demander a nos familles pourquoi ont-elles choisi de nous rejoindre ici? Nous avons ete ravi de leur presence. Grace a elles, ce sejour s'est deroule sur plusieurs niveaux. Nous n'etions pas entierement tournes vers la decouverte du pays, laissant de la place pour apprendre a mieux se connaitre. Le voyage n'en fut que plus riche.
Clap de fin avec les traditionnels chiffres du pays!
17. nombre de livres lus.
22. lits differents dans lesquels nous avons dormi.
47. jours passes en Mongolie
476. photos prises
1850. euros depenses (dont 800 pour le tour)
4515. km parcourus.

lundi 31 août 2009

Manuel d'eco-tourisme



La famille s'en est allee... Nous reprenons notre numero de duellistes. La fin de la semaine a ete piano, rythmee par quelques courses, l'organisation de la suite de notre voyage et une visite a la famille de Jargal, notre interprete pendant le tour. La famille de Jargal habite une petite cite industrieuse, a 2 heures de route de UB, adossee a une des plus grosses mines de charbon du pays. La vie, la-bas, est diametralement opposee a celle des nomades. Ca sent la Russie (en tout cas, l'image que je m'en fais). D'ailleurs se sont eux qui on construit la ville pour pouvoir exploiter la mine. Architecturalement, ca ressemble a nos banlieues. C'est pas tres beau (doux euphemisme), tout carre et un peu vetuste. Ca s'est voulu fonctionnel en son temps. Au detriment d'autres valeurs, plus humaines. Collectivisme quand tu nous tiens... Qu'importe! La chaleur est ailleurs. A l'interieur des murs vieillissants. La rencontre avec la famille a ete tres agreable. Nous avons pu partager leur quotidien. Mere, pere, freres, soeurs, conjoints et bambins dans un 2 pieces. 10 (avec nous) sous le meme toit. Deco a minima. La vie simple d'une famille moyenne. Rien ne manque (de vital) mais rien n'est superflu. Signes exterieurs de richesse? Machine a laver, tele, frigo, sono... et beaucoup d'amour! Qu'a t'on reellement besoin d'autre? Cela alimente mes reflexions depuis quelques jours. Pourquoi notre sur-abondance nous deprime t'elle? Machiavel disait (plus ou moins, j'ai pas retrouve la citation) que " Pour un riche, la seule facon d'etre sur de ne pas perdre ses richesses est d'en accumuler encore plus! ". Qu'on ne se meprenne pas, je n'ai rien contre les riches, j'ai quelquechose contre "le toujours plus"! Ne peut-on pas sortir de ce cercle infernal? Comment relativiser? Mon remede, c'est le voyage! Observer les autres permet de remettre les pieds sur terre et de revenir a plus de decence.
Pour que ca marche, il faut voyager, certes, mais pas n'importe comment. Il faut aussi savoir lacher prise, casser un certain nombre de ses prejuges, se mettre en danger (psychologiquement parlant)... Etre un eco-touriste en somme. Mais c'est quoi un eco-touriste, en fait? Petite explication personnelle!
Quand on parle eco-tourisme, on pense immediatement a la nature, ne pas jeter ses poubelles n'importe ou, respecter l'environnement, ... Soit. La nature est un eco-systeme fragile. Mais pourquoi, l'occidental moyen a tendance a plus faire attention a la nature qu'a l'humain? Et une societe alors? N'est-ce pas un ensemble complexe et fragile? Je pense que nous devrions prendre soin de ne pas trop la perturber quand nous voyageons. Ne pas debarquer avec nos gros sabots d'occidentaux plein de certitudes et la saccager avec nos valeurs qui seraient meilleures par essence! Nous ne sommes que des hotes en terre etrangere. Cela implique une certaine retenue, un peu de recul et une grande ouverture d'esprit.
Certes nous sommes et resterons occidentaux. Notre culture nous colle a la peau et nous la trimballons bon gre, mal gre avec nous. Le but n'est pas de s'en debarrasser mais de l'alleger pour pouvoir s'impregner de celle de l'autre. Je crois avoir une bonne analogie pour ca! Notre culture est comme un habit complet. Il a plusieurs couches. Manteau, veste, chemise et sous-vetements. Nous ne nous debarrasserons jamais de nos sous-vetements. Ce serait indecent. C'est notre culture innee. Quid du reste? Je pense que pour pouvoir s'impregner d'une autre culture nous devons nous delester de quelques couches. Tomber la veste. Ou la chemise. Selon l'envie ou la capacite. C'est a ce prix que l'on peut vraiment decouvrir... et comprendre. Comprendre et proteger. De nous, de notre opulence, de notre individualisme, de l'argent-roi!
Ah, le rapport a l'argent! Chez nous, il regit tout. Il est de mon avis que c'est la derniere chose que nous devrions "importer". Or nous le faisons. Nous distribuons de l'argent a tout va... et pour presque rien! Satanes pourboires. Certes, chez nous, ca se fait. En Asie, presque pas. Ok, les sommes sont minimes pour nous... mais extravagantes pour eux. Quelques euros, ca ne semble rien mais c'est enorme! Par exemple, ici, en Mongolie, le salaire minimum est de 50 euros, le moyen de 100 et un docteur touche 150euros/mois. Donner quelques euros a un gamin parce qu'il nous a aide, parce qu'il est mignon ou dans le besoin, ca peut sembler une bonne idee, ca peut sembler aider... mais ce n'est pas le cas. Je pense meme que c'est le contraire. Ca cree des desequilibres qui peuvent avoir de graves consequences. Qu'arrive t'il quand un enfant gagne plus que son pere en tendant juste le bras? Je vous le donne en mille: il reste dans la rue! A l'extreme, en Inde, la mafia n'hesite pas a mutiler les enfants. Un enfant handicape, ca emeut plus... donc ca rapporte plus! Sans aller jusqu'à la, ce cote "je jette l'argent par les fenetres" entraine une modification du comportement des locaux envers les occidentaux. Cet argent ne devient plus un cadeau mais un du. C'est le virus du "porte-monnaie ambulant". Et quand celui-ci s'est infiltre dans le cerveau des gens... Plus moyen de le deloger. Ce sera toujours, le riche contre le pauvre. Consternant. Je recommande, plutot que de donner de l'argent, d'offrir un "vrai" cadeau. Pas grand-chose, un petit rien. Quelquechose de personnel... ou d'utile. La est le veritable echange. A ce moment la, nous devenons des egaux. Et nous preservons les valeurs de l'autre. C'est quand meme plus humain, non?

mardi 25 août 2009

This is the end...




19eme et 20eme jour.
J'ai regroupe ces 2 jours car grossso merdo, nous n'avons fait que rouler, rouler, manger, rouler, manger, dormir et rouler, rouler, rouler. C'est un peu monotone. Doucement, les herbes ont pris le pas sur le desert et nous avons retrouver les vallees verdoyantes de notre depart. Je crois que la fatigue gagne du terrain. 20 jours et 3000km a se faire chahuter par des bosses et des trous, ca tanne les cuirs les plus endurcis. Nous ne sommes pas totalement mecontents d'arriver meme si nous savons que ce sera pour se dire au revoir (mais bon ce n'est pas pour longtemps, on rentre, a notre tour, dans 6 ou 7 semaines et il va nous rester 2 jours de shopping!) ;-)
2 evenements ont quand meme marque notre derniere journee de road trip. Le premier: A 2 ou 3 heures de UB, nos chauffeurs se sont soudainement arretes. Au loin, un nuage de poussiere! Quesako? Rapidement nous distinguons des cavaliers. Une course! Un nadaam! Nous l'avions rate au lac Khovsgol et, etres bien chanceux que nous sommes, nous y avons droit juste avant notre arrivee. Et une cerise sur le gateau! Une! ;-)
Le deuxieme: Nous sommes maintenant dans les rues de UB et commencons a reconnaître des batiments et des carrefours connus. Le sentiment d'arriver a la maison commence a poindre. Soudain. Notre voiture hoquete puis... s'arrete! Quoi? Qu'est-ce qui se passe? Une panne a 500 du but? C'est pas possible! Sans s'affoler, notre chauffeur descend et ouvre le coffre. Il bouge notre barda et sort un bidon! Une panne d'essence! Celle la nous ne l'avions encore pas eu! Maintenant tout nous est arrive. On peut rentrer! ;-)

PS: Nous sommes maintenant rentres depuis 48h. Les magasins d'Ulan Bator ont ete devalise. Cashmere, artisanat, gadgets et autres souvenirs ont ete pilles. La horde francaise dans toute sa splendeur. Tout le monde est reparti aujourd'hui. Nous voilà de nouveau seuls. Ce voyage fut riche. De emerveillements, de rencontres, d'emotions, d'enseignement. Nous sommes ravis d'avoir passe ces 3 semaines en famille et d'avoir partager un bout de notre periple avec eux. Nous nous sommes decouverts ou redecouverts. Nous en garderons des souvenirs indelebiles. Enfin, je ne les ai que peu cite dans mes recits mais je voulais aussi remercier chaleureusement (meme s'ils ne me liront jamais) Batzara, Tsedendorj (nos chauffeurs) et Jargal (photo3 - notre interprete) pour nous avoir fait partager leur pays et leur bonne humeur!
PS2: Je vais maintenant revenir a un rythme d'ecriture plus leger. Enfin! J'ai toujours pris beaucoup de plaisir a ecrire pour le blog mais j'avoue que le rythme journalier de ces dernieres semaines n'est pas celui qui me convient le mieux. Trop contraignant. Trop fatiguant. Je commencais a tirer la langue. 1 a 2 fois par semaine, c'est mieux! A la semaine prochaine! ;-)

mer de sable




18eme Jour. De Yolyn Am a Tsagaan Suvraga
Le debut de la fin. Nous entamons notre remontee vers le nord. Vers UB. Vers la fin de notre periple. Nous restons quand meme dans le Gobi. Pour une derniere journee. Notre programme? La visite du site de Tsagaan Suvraga. Ici, il y a des milliers d'annees, une mer ondulait. De celle-ci ne reste qu'une terre ocre, un fond terrestre compose d'une multitudes de petits vallons et une falaise abrupte, taillee par les flots, dont les strates de couleurs ont fait notre emerveillement. L'endroit est magique! Une mer... de sable!Difficile d'imaginer des hectolitres d'eau dans ce paysage aride. Oui, je sais! Le sahara fut jadis une vallee verdoyante. Mais, ca ne reste que des mots. Quand on en voit une realite flagrante, ca nous ramene a notre petitesse, notre insignifiance. Nous ne sommes que de passage, ephemeres. Une incongrue presence entre 2 neants (avant notre naissance et apres notre mort). Et pendant tout ce neant, tout continue. Je m'essaye un peu philo mais je viens de finir un livre drolement bien (La methode Schopenhauer de Irvin D. Yalom) qui presente, de maniere romancee, la pensee de Schopenhauer, un nevrose depressif pessimiste mais qui est le premier a avoir "penser" la psychologie. Dit comme ca, ca ne donne pas vraiment envie de le lire mais ce serait une erreur de votre part. ;-) Le rapport a notre temporalite est largement aborde et je voulais vous faire partager une pensee que j'y ai puise. C'est de Nietzche. " Il nous faut vivre notre vie de telle sorte que nous dirions oui si on nous proposait de la revivre eternellement et de la meme maniere! " C'est tellement vrai!

French Doctors



17eme jour. De Khongoryn Els a Yolyn Am.
Nous quittons les dunes direction la gorge glacee de Yolyn Am. La gorge des vautours. Le paysage continue de defiler devant nous. Toujours. Encore. Immense. Demesure. Plus les heures et les jours filent, plus nous nous rendons compte de l'infinie (ou presque) etendue dans laquelle nous evoluons. La glace recouvre Yolyn Am de facon quasi-permanente (j'insiste sur quasi). Inconcevable de la glace au milieu du desert? Je l'ai deja dit, en Mongolie, c'est possible! Il faut dire que le desert de Gobi est probablement la region championne du monde des ecarts de temperatures. Nous le vivons au quotidien. Grosse chaleur en journee (+ de 30°C) et froid ( - de 10°C) le soir. Et nous sommes en ete. Imaginez en hiver!
A peine arrive a Yolyn Am une femme nous interpelle affolee. A t'on des bandages? Un sculpteur (il y en a beaucoup autour de la gorge qui vendent leur production aux touristes) vient de serieusement s'entailler le bras avec un coutelas! Dans son malheur, le jeune homme a une veine (sans jeu de mot) indeniable. Quelle chance a t'on quand on se tranche le bras au milieu du desert de Gobi de tomber, dans les 10 minutes suivantes, sur un chirurgien et un anesthesiste equipes de leur dispensaire de campagne? Aussitôt la situation evaluee, la task force medicale se met en branle. Fil et aiguille. Desinfectant. Anesthesie locale. La plaie, pas belle a voir (7-8cm de large), est suturee dans le quart d'heure. Peut-etre ont-ils sauve son bras et son avenir? Franchement, ce n'est pas totalement impensable!
Notre malchance a nous, toute relative, est que Yolyn Am n'est pas glacee a cette periode de l'annee. En general, la glace disparaît a la mi-juillet pour reapparaitre debut septembre. Dommage. La ballade dans cette gorge etriquee fut tout de meme tres belle.
Sortis de la gorge, nous avons encore roule une bonne heure pour, finalement, nous poser dans un petit camp de yourte plante au milieu de nulle part. L'immensite du desert sera notre compagnon ce soir! A peine arrive, on nous annonce que la famille est en train de fabriquer du feutre. Pour les nomades, c'est LA matiere premiere. Il sert a confectionner des vetements ou des matelas et a isoler les yourtes du froid. Comme les plupart des activites des steppes, ce travail est long et fastidieux. Il faut d'abord etaler, de facon homogene, la laine de mouton sur une large surface. Apres l'avoir abondomment asperger d'eau, on l'enroule autour d'une barre de metal qui sera ensuite trainer (aujourd'hui par une voiture, hier par des chevaux) sur plusieurs kilometres pour lier les fibres. Il semble que les gestes n'ont pas changer depuis des siecles et malgre la penibilite de ce travail, la bonne humeur regne chez chacun. J'imagine notre tete, si nous, occidentaux, avions a effectuer ces taches (traires des dizaines de chevres, ramasser des bouses de vaches, preparer l'airak, ...)! Probablement abandonnerions nous au bout de 10 minutes! Ou 2? Trop penible! Travail inhumain! Pourtant, ici, les gens ne rechignent pas et gardent le sourire, rient a la moindre occasion et semblent prendre du bon temps. Leur quotidien, c'est une vie simple, connectee a la terre. Une vie ou l'on a pas le choix, ni le temps de se lamenter sur son sort. Ils vivent au present et profitent de tous les moments. Quoiqu'il advienne. Profiter de l'instant present, ne pas ressasser le passe et ne pas se projeter dans l'avenir, est certainement LA lecon que je ramenerais de ce voyage!

jeudi 20 août 2009

(presque) seul sur les dunes




16eme jour. Khorgoryn Els
Ce matin, l'ensemble de mes compagnons avait opte pour une ballade a dos de chameau. Echaude par une chevauchee similaire au Rajasthan et faisant encore jouer mon cote anticonformiste primaire, je me suis abstenu. J'ai opte pour une nouvelle ascension des dunes et une ballade le long de la ligne de cretes. Memorable. A des moments, j'avais l'impression de marcher sur des sommets pyreneens tellement les cotes etaient abruptes. Peur du vide s'abstenir! Je me suis offert 2h30 de balade, presque seul sur les dunes (a par 200m ou tous les touristes montent, je n'ai croise personne), dominant un paysage surrealiste, a admirer les lignes epurees sculptees par le vent et a ecouter les sables chanter. La descente offre egalement sa part de delice. A chaque pas, on s'enfonce dans le sable jusqu'au genou dans un vrombissement-succion. Au rythme de mes pas, plus ou moins chaloupes, je me suis transforme en chef d'orchestre des sables!
Nous nous sommes tous retrouves pour le dejeuner. Tous ravis par notre matinee nous avons optes pour une apres-midi relache Ne rien faire, ca a du bon aussi!

Le sable qui chante




15eme jour de Bayanzag a Khorgoryn Els.
Gros dodo et antibio ont finalement fait leur effet. Je me sens beaucoup mieux! ;-) Notre journee a commence par la visite frustrante d'un site "mondialement connu" ou a ete decouvert des dizaines d'oeufs, d'os et de fossiles de dinausores. Nous etions, je dois l'admettre, tres excite a l'idee de contempler des restes de tyranausores ou autre brontausores! Mais sur le site en question, plus rien ne subsiste! Pas une poussiere de triceratops! Rien. Frustre nous consultons le guide qui infore: "le meilleur endroit pour admirer les dinausores de la plaine de Bayanzag est le musee d'histoire naturelle de Ulaan Bator"! Les boules! Il ne nous reste plus qu'a imaginer, qu'ici, sous nos pieds, il y a quelques millions d'annees, s'ebattaient les geants du paleolithique. Ca n'attenue pas notre deception!
Depuis notre arrivee dans le Gobi, notre vitesse moyenne de deplacement a fait un bond. Nous sommes passes de 25/30km/h a 60/70km/h. C'est donc filant comme le vent que nous nous sommes rendus a Khorgoryn Els. Le desert de Gobi est, principalement, un desert de caillou mais 3% de sa surface est faite de sable. Une partie de ces 3%, et la plus admirable, c'est Khorgoryn Els, une bande de dune de 12km de large pour 100km de long atteignant les 300m de hauteurs! A peine arrives en face des dunes, aussitôt apres avoir deposes nos bardas (nous dormons ici les 2 prochaines nuits), nous entreprenons l'ascension de ces sommets sablonneux. Mine de rien, meme si ca ne paraît pas extremement hauts, monter 300m de dunes, tres raides (60% par endroits), est incroyablement fatiguant (surtout qu'a chaque pas le sable se derobe sous vos pieds et que finalement vous avez l'impression de ne pas avancer). Une fois en haut, le spectacle en vaut la peine. Les dunes s'etendent a perte de vue engoncees entre deux massifs montagneux. Superbe! Encore plus irreel. Mon pere, avant l'ascension avait evoquer la rumeur que le sable "chantait sur les dunes"! Poesie allemande? Que nenni! Sur les dunes, le sable chante vraiment! Un chant primitif, une sorte de vrombissement, l'impression qu'un avion vous passe au dessus de la tete... sauf qu'il n'y a pas d'avions! Cette vibration, on l'entend et on la ressent, physiquement. La dune vibrait sous nos pieds. Impression etrange d'etre sur un corps vivant. Incroyable! Deroutant! Magique!

PS:pour les chameaux, special dedicace a Max!

Terrasse par une tique mongole



14eme jour. De Ongiin Khiid a Bayanzag.
Journee vaseuse! Il ya 5 jours j'ai ete pique par une tique. Pas de probleme! Les medecins de notre groupe m'en avaient debarrassee illico presto. Ce que nous ne nous doutions pas, ce sont les effets secondaires. Les jours passant, l'endroit de la morsure de la bebete s'est inflamme et aujourd'hui, mal de tete, courbatures et fievres ont ete mes compagnons! Les symptomes de la grippe mongole H2N2! ;-) Heureusement que je ne dois pas passer la frontiere russe dans les jours qui viennent, j'aurai ete bon pour une quarantaine! Pas d'inquietude, nos docteurs et leur dispensaire ambulent s'occupent de moi. Antibio et gros dodo auront vite fait de me remettre sur pied!
Ces petits desagrements ne m'auront tout de meme pas empeche de profiter du paysage toujours aussi impressionnant du desert de Gobi. Le desert a quelquechose de special qui appelle a la contemplation et a la meditation. C'est grisant, envoutant, magique! Difficile a explquer. Ca vous prend a l'estomac et vous apaise!
Anecdote: a notre pause de midi nous nous sommes retrouves encercles de 2CV! Des dizaines de 2CV au milieu d'un bled improbable au milieu du desert. Elles etaient toutes immatriculees en France (dont un bas-rhinois)! En fait, une bande de dejantes participants a un rallye-raid amateur reliant Ulaan Bator a Pekin. 14Jours de rallye en deudeuche sur des routes defoncees en forme de tole ondulee! Ca c'est de l'aventure!

D'un monde a l'autre






13eme jour. De Orkhon a Ongiin.
Aujourd'hui j'ai eu l'impression de prendre l'avion. Vous savez, ce sentiment etrange quand vous partez un matin d'un pays au climat froid pour vous retrouvez quelques heures plus tard accable par une chaleur suffocante. C'est ce qui nous est arrive... en 200km! Hier soir, j'ai mal dormi. Trop froid. Mon duvet est prevu pour des temperatures minimum de 0°C. Ses limites ont ete atteintes. A 6h, frigorifie, je me suis leve pour rallumer le poele de notre yourte. C'est a ce moment la que j'ai remarque que le givre avait envahit les environs. Avant de partir, on nous avait prevenu que les temperatures pouvaient chuter a partir du 15 aout. C'est pour cette raison que nous avons inverse le sens de notre periple. Initialement nous devions d'abord nous rendre dans le Gobi avant de rejoindre le nord du pays mais l'optique de se retrouver dans le nord en deuxieme partie du mois nous a fait reconsiderer notre choix. Je n'aurai jamais cru que ces predictions pussent etre aussi juste.
Cette journee ne devait etre qu'une etape de transition vers le desert de Gobi. Ce fut une journee inoubliable de contemplation. Plus nous plongions vers le sud, plus les montagnes se tasserent, plus la vegetation se rarefia, plus la temperature augmenta. Les yaks laisserent bientôt place a des chameaux! Nous nous sommes retrouves dans des paysages dignes des meilleurs films de Sergio Leone. Le Far East n'a rien a envier a son cousin occidental! Seule difference notoire, ici, les tipis n'ont toujours pas supplante les yourtes! ;-). Avant ce jour, je n'avais jamais imaginer pouvoir passer, en l'espace de quelques heures et de quelques kilometres, d'une saison a une autre, d'un monde a un autre, du sommet de montagnes boisees a un desert de caillous, d'un froid polaire a un soleil de plomb. Et poutant, aujourd'hui, en traversant les avant-postes du desert de Gobi, le regard perdu dans l'horizon infini, je me suis dit: "en Mongolie, c'est possible!"

Les maitres du ciel





12eme jour. De Kharkorin a Orkhon
Ce matin, nous nous sommes leves devant un splendide ciel bleu. Le spectacle d'un toit de nuages tombant a l'oblique vers la terre, tendant a l'horizon vers un improbable point de rencontre, est magnifique. Nous faisons route vers Orkhon. De montagnes en vallees. De vallees en montagnes. Le paysage se deroule encore devant nous. Toujours semblable. Jamais identique. On ne se lasse pas des etendues demesurees des hauts plateaux mongols.
La mongolie est le pays du ciel bleu mais pourrait aussi etre appele le paradis des rapaces. Si l'aigle s'accapare toutes les attentions et les superlatifs, ses cousins proliferent aussi dans le ciel azur de l'asie centrale. Faucons, milans... Les cieux sont balayes par leurs silhouettes profilees. Depuis quelques jours, deja, ces maitres du ciel nous survolaient ponctuellement. A Orkhon, le spectacle de leur multitude fut saisissant. Le ciel etait litteralement mouchete de milans. Virevoltants ou piquants au gre des vents, planants au dessus de l'immensite, leurs ombres projetees au sol, les rapaces s'ebrouaient a quelques metres de nos tetes! Une allemande, rencontree a Pekin, nous avait assure qu'un aigle etait passe si pres d'elle en Mongolie qu'elle avait pu entendre le bruit de ses plumes! Marie en revait depuis. Malheureusement, malgre l'extreme proximite des rapaces, la poesie germanique a ses limites que la realite n'entend point!

lecon d'humilite






11eme jour. Pres de Kharkorin.
Ce matin le reveil a ete glacial! Pas de pluie mais pas de soleil non plus. Dans une vaste pleine dechiree par les vents le resultat fut imparable! Ca caillait! Nous avions tous l'air, endimanches dans des couches et des couches de vetements, de membres d'une expedition polaire! La journee fut coupee en deux. Petit a petit le soleil nous a rechauffe. Nous avons pu nous fondre dans le rythme de vie des familles nomades mongols. Une vie de terrien! Aller chercher de l'eau a la riviere, recolter les bouses de vaches (il n'y a pas d'arbres dans la steppe donc pas de bois, la bouse sechee fait office de combustible), s'occuper des betes, faire les foins pour preparer l'hiver. Le travail ne manque pas aux habitants des steppes! Malgre ca, ils vivent de peu. Deuxieme lecon d'humilite. Apres la terre, les hommes. Nous nous rendons compte, encore une fois, a quel point nous avons eu de la chance de naitre au meilleur endroit! Respect pour ceux qui n'ont pas eu notre chance et qui ne s'en plaignent pas!
Ici, la famille detient plus de 300 tetes. Vaches, moutons et chevaux. Nous avons assiste (et pour certains participe) a la traite des juments. Son lait est mousseux mais beaucoup moins cremeux que celui de la vache. Une fois extrait, le lait est longuement battu a la main pour qu'il se transforme en arak. Le fameux lait de jument fermente. C'est pas pas imbuvable mais pas franchement bon. Il etait drole de voir nos tetes quand nous avons essaye. Chacun tentant de cacher le petit rictus qui l'assaillait. Nous en avons bu pas mal car quand quelquechose est propose dans une yourte, il est de tres mauvais ton de refuser!
Pendant que nous nous familiarisions a la vie des steppes nos chauffeurs ont entrepris de reparer un de nos mini-vans. Probleme de rotule de roues (je peux pas trop en dire trop, j'y connais rien). Le probleme qui devait etre resout en une vingtaine de minute s'est transforme en usine a gaz. 4H de reparations. Heureusement, qu'aujourd'hui etait une journee off. On a quand meme ete impressionne par la dexterite mecanique de nos chauffeurs. Ils connaissent par coeur leur vehicule. Au boulon et au joint pret. Nous voilà rassures quant a la suite de notre periple.
Apres un dejeuner printanier (le temps change vraiment tres vite!), de gros nuages sont arrives, tres vite succedes par la pluie. Back to the yourte! Nous en avons profite pour apprendre d'autres facettes de la vie mongole. Peut etre un peu plus urbaine. Les jeux de cartes! Apres-midi ludique dans une yourte chauffee a la bouse de vache! Depaysement assure!

Sous la pluie




10eme jour. De Tsertseleg a Kharkorin.
La Mongolie est surnommee la pays du ciel bleu car elle est irradiee de plus de 260 jours de soleil par an! Malheureusement pour nous, la plupart des 100 restants tombent en ete. Froid extreme ou pluie, il faut choisir! Aujourd'hui, c'etait pluie... et froid! L'equation est simple, la chaleur est estivale quand le soleil brille et les temperatures chutent des que le moindre nuage vient obscursir le ciel.
Notre journee a commence par un petit trajet en voiture (a peine 4h). Certains s'habituent de plus en plus a notre mode de vie et ne sont plus derange par le tumulte de la route. Dormir dans les cahots n'est plus un probleme (enfin pour la famille Dro!)! Le point d'orgue de la journee etait la visite du plus important temple du pays: Erdene Zuu Khiid. Comme la plupart des temples mongols, il fut detruit lors des purges sovietiques des annees 30. A son apogee, plus de 2000moines meditaient en son sein. Reouvert apres la chute du regime communiste, il revient tout doucement a la vie. Pendant que mes compagnons avaient droit a une visite guidee (moi, j'aime pas les visites guidees... ;-) Trop lent ou trop rapide selon les moments, en tout cas rarement a mon rythme!), j'ai pu assister a un office pendant plus d'une heure. Le chant des moines est toujours aussi beau et intriguant! Ce soir nous dormons dans les yourtes d'une famille mongole dont nous partagerons le quotidien demain! Apres une bonne dose de spirituel, il sera bon de remettre les pieds sur terre!