mercredi 11 février 2009

Mission visa




4 jours depuis notre retour a Bangkok. On ne peut pas dire que nos journees ont ete trepidantes. Notre seul objectif ici etait de recuperer nos visas pour la Birmanie. Mission visa, le mot n'est pas galvaude. Ce fut une epreuve... Nous sommes passes par tous les etats et, finalement, ce fut un echec... volontaire! Je m'explique.
Nous sommes donc arrives a Bangkok dimanche dernier et des lundi matin, nous etions au rendez-vous de l'ouverture de l'ambassade birmane a Bangkok. 8h30. Un petit groupe attendait deja que les portes s'ouvrent. 9H tapantes, le prepose birman nous fait entrer et distribue les formulaires de demande de visa. Nom, prenom, nationalite, adresse personnelle, adresse en birmanie (il suffit de noter le nom d'un hotel en birmanie), bon, rien de bien inhabituel, mais aussi couleur des cheveux, des yeux et de la peau ( complexion en anglais plus drastique que couleur de peau, ca se traduirait plutot par teinte. Nous nous devions inscrire « pale »), taille et ce qui fache le plus pour moi: profession! Echaude par mon experience indienne, je me resous a opter pour un emploi moins « expose »: barman. De toute facon, si je leur dis que je travaille pour la tele francaise, vu qu'ils ne veulent pas de journaliste sur leur sol, je suis persuade qu'ils me refuseront le visa. Nous rendons nos formulaires aux fonctionnaires birmans. Ce n'est pas marque sur le formulaire mais ils desirent d'autres renseignements: adresse en thailande (notre guest-house) et adresse de notre travail. Pas de probleme, je note l'adresse de la schloss a Strasbourg! :-) Me voilà, officiellement auto-engage par Pat et Janine! Quel bonheur! Nous rendons nos copies. Et la, les ennuis ont commence. Le fonctionnaire a epluche les nombreux visas garnissant nos passeports et des qu'il est tombe sur mon visa indien, il a tique! Oups! Mon visa indien est un visa journaliste, la seule difference avec le visa touriste est une lettre (J a la place de T) en haut a gauche. Nous pensions que cela passerait inapercu. Rate! Immediatement, nous nous sommes dit que c'etait mal barre. Conciliabule entre le subordonne et son chef. On nous tend un nouveau formulaire. Il nous est demande l'historique detaille de nos emplois, les dates, les lieux, les numeros de telephone. En 1, j'inscris le Schloss et le numero de Pat. Je rigole interieurement imaginant un birman appelant Pat, en anglais, pour lui demander des renseignements sur moi. Il aurait ete recu vertement! Au depart, je fus tente de marquer etudiant en 2 mais, en parlant avec Marie, nous nous sommes dit qu'il fallait quand meme justifier ce J sur mon visa indien. Je me resous a m'auto-engager chez 4 horizons (la structure qui a succede a JFZ), en precisant que mon travail consistait a monter des films commerciaux, avec arret de ce pseudo-travail en Octobre 2008. On verra bien. Nous rendons nos formulaires... a un nouveau fonctionnaire, le chef du service. S'en suit un interrogatoire... serre. Il me redemande x fois si je travaille pour les medias. Je jure mes grands dieux que non! Enfin, ca depend ce qu'on appelle media. Je suis TECHNICIEN! « Vous ne travaillez pas avec des journalistes » me demande t'il! « Non, je ne suis pas journaliste », reponds-je! J'explique que j'ai 2 boulots, que j'ai mis barman car j'avais deja eu des soucis avec l'Inde, que de toutes facons, j'ai quitte ces 2 boulots pour faire ce voyage. Et ca dure comme ca une bonne demi-heure. Toujours les meme questions, repetees, en boucle! Finalement, il nous annonce qu'il doit en parler avec ses superieurs, qu'il garde les passeports et qu'il faut que l'on revienne dans 48h! Sceptiques, nous acquiescons! « Faites ce que vous devez faire! » Une fois sortis, nous nous disons que c'est mort! Quoique. On se dit que franchement, si j'avais ete un journaliste voulant entrer en douce en Birmanie, j'aurais ete le dernier des bras casse (mais il y en a) pour debarquer a l'ambassade avec un visa journaliste d'un autre pays! J'aurais assurer mes arrieres! Peut-etre se le dit-il lui aussi? Peut-etre notre chance!
J'ai toujours aime mon boulot. Je mesure tous les jours la chance que j'ai d'avoir un metier qui me plait et les conditions dans lesquelles je peux l'exercer. Mais la, ca commence a me casser les bonbons! Voyager et travailler a France3, c'est la croix et la banniere! Bref, de retour a l'hotel, nous commencons a mettre sur pied un plan B. Nous estimons nos chances de reussite a 5%. Mieux vaut-il se preparer au pire, quitte a avoir une bonne surprise. Resolution numero1: Des que possible, declarer mon passeport comme perdu et en faire refaire un vierge! (parce que ce genre de probleme risque de ressurgir pour la Chine, voir le Vietnam). Ensuite, nous devons quitter la thailande avant le 16, date de fin de notre visa. 2 options, la nord ou la sud. La nord, c'est retourner au Laos, deja-vu mais sympa! La sud, c'est la Malaysie, inconnu mais a priori tres moderne! Nous penchons quand meme pour la nouveaute. Alors, on se renseigne (et la, heureusement que nous avons la w-fi dans la chambre car on y a passe quelques heures!). Notre plan B s'organise. La Malaysie, certes c'est (trop?) moderne mais il y a aussi des coins recules (jungles et forets), des superbes plages et le visa est de 3 mois (point non-negligeable). De plus, nous decouvrons que si nous faisons notre visa pour l'Indonesie en Malaysie, nous pouvons obtenir un visa de 2 mois (au lieu de 1 a l'arrivee). 2 mois en Indonesie, ca c'est un programme qui nous branche bien. On aurait le temps de mieux visiter (peut-etre d'aller au Kalimantan, la partie indonesienne de Borneo) et, eventuellement, de trouver un travail en tant que volontaire. Vendu! Si nous n'avons pas le visa birman, on fera 2 mois en Indonesie. La pilule est tout de suite moins amere!
Le lendemain se passe tranquillement. Toutefois, un etrange sentiment s'insinue doucement dans mon esprit. Si j'etais a la place des birmans, que j'avais un doute sur mon veritable travail, jamais je ne prendrai le risque de me laisser entrer. Mais si ils le faisaient quand meme? Ce qui est sur, c'est que mon nom sera repertorie comme un danger potentiel, en tout cas, comme a surveiller. Que se passerait-il si je prenais en photo, par megarde, un batiment interdit (un pont, une edifice gouvernemental,...) et que je me faisais arreter? Si je parlais avec une personne « politiquement incorrecte »? J'ai aussi fait des recherches sur internet et, sur le site de l'ambassade de France en Birmanie, il est ecrit que des ressortissants francais y ont « disparu »! Sans plus de precision. Petit a petit, cet etrange sentiment prend un nom: la peur. Ou de la parano, peut-etre. Il existe une phrase que je me repete souvent quand je suis face a une situation qui m'angoisse. C'est tire du film « Dune », de David Lynch (on a les references que l'on peut!). « La peur est une petite mort ». Si on laisse la peur nous dominer, on ne fait rien de neuf... et on n'existe pas. Il existe aussi une vieille maxime dans la familia (le groupe de potes de Belfort): « Mieux vaut des remords que des regrets ». Soit mieux vaut faire les choses et s'en mordre les doigts que de ne pas les faire et de se poser la question de ce qui ce serait passe si on l'avait fait! Bref, tout ca me plonge dans un grave dilemme. Y aller ou ne pas y aller? La nuit porte conseille. On verra le lendemain.
J'ai pas tres bien dormi. J'ai reve qu'a notre arrivee a Yangoon, a la douane, je me faisais arreter et interroger, qu'ils decouvraient que j'avais menti, que je me retrouvais en cellule. Ma parano enfle. Dans la matinee, je n'espere qu'une chose: qu'on nous refuse ces visas. Pas de choix. C'est tellement plus facile! J'ai meme tente (mais c'etait ferme) d'appeler l'ambassade pour savoir ce qu'ils en pensaient. Petit a petit, notre plan B, nous semble plus attrayant que le A. Si c'est pour passer un mois en Birmanie avec une petite boule au ventre, est-ce que ca vaut le cout? Nous tentons de faire un recapitulatif des points positifs et negatifs des 2 alternatives. Meme si tout cela n'est que de la parano, l'esprit de notre voyage n'est plus la. Nous decidons finalement, avant meme de nous rendre a l'ambassade, de ne pas y aller! Le jeu n'en vaut pas la chandelle! Pour la premiere fois, je laisse ma peur m'empecher de faire quelquechose que je voulais vraiment! Peut-etre que je veillis? Peut-etre que je m'assagis? Peut-etre le regretterons nous plus tard? Ainsi soit-il!
Pour l'anecdote, les birmans etaient enclins a nous delivrer ces foutus visas! Toutefois, quand nous leur avons dit qu'on avait change d'avis, ils ont garde les formulaires avec nos photos et la photocopie de nos passeports (alors qu'on leur avait demande de nous les rendre). On ne saura jamais ce qui aurait pu se passer. Notre avenir vient de changer. Nous sommes, maintenant, franchement impatients de decouvrir l'Indonesie (et la Malaysie aussi, un peu). Pour conclure et entretenir ma bouddhïite aigue, je vous laisse avec ce proverbe: « Ce qui te manque, cherche le dans ce que tu as »!
A+

PS: les photos sont des orchidees (bien sur!) photographiees lors du festival des fleurs de Chiang Mai. Il y avait une parade dans toute la ville, c'etait chiant, kitsch et pour tout dire assez laid! Mais il y avait une exposition d'orchidees! Et ca c'etait superbe!

4 commentaires:

aNn et pHilOu a dit…

hum, ca sent bon jusqu'ici!!;-)

madeleine a dit…

C'est super l'Indonesie. decision prise, la route de la vie vous mene ailleurs et cela n'est pas mal. D'ailleurs comme vous dites meme en Malaisie il ya des tres beau coins et des gens tres sympa. En ce qui concerne 2 mois en Indonesie, si vous voulez on vous donnera le nom et l'adresse a Lombok d'un jeune couple Lombok (mec)-Neerlandais (fille) qui y vivent et ont demarre il ya a quelques annees un projet pour enfants orphelins. C'est certainement tres basic, eux meme n'ont vraiment pas bp de fric mais ce qui ont, il le partagent... Pour le reste donnez nous vos dates :))

Ah oui encore une chose: bien que tu as ecoute ton intuition, meme quand tu appelle cela peur. Le Birma est un pays politiquement gravement pourri, et le regime a ne pas faire confiance du tout...

On vous embrasse tres fort, c'est jusque a quand le wifi a Bangkok?

Les chats a dit…

Non ce n'est pas de la peur mais de l'intelligence!!Mon frère revient de Birmanie et bien qu'en mission il n'a vu que ce qu'on voulait lui laisser voir;les rares birmans ,"privés"ne se sont pas génés pour lui dire ce qui se passait;!!
Cela me rappelle mes "voyages" en URSS et autres pays..ou il fallait vite réagir;la solution la plus "cool" etait l'expulsion!!Je connais toutes les frontières dans le sens "par ici la sortie"mais ..Ils etaient civilisés par rapport aux Birmans

C'est un des pays les plus dangereux a ce jour...pour les gens curieux

L'Indonesie est assez vaste pour y trouver ce que tu cherches..C'est le chemin qui compte!!!!

Il n'y a que les imbeciles qui ne changent pas d'avis!!!

Framboise a dit…

Sage décision, rassurante pour nous.
En Malaisie, je me souviens qu'Antoine avait vu de très beaux coins, une fois loin des grandes villes.
On vous embrasse.