dimanche 5 avril 2009

Never Again






Non! Rassurez-vous le voyage se passe toujours pour le mieux et aucune mauvaise aventure n'est venue entacher la perfection de notre sejour a Sumatra en general et a Sebelat en particulier. Bien au contraire. Never again n'est que le titre du court metrage que nous, les etudiants et moi, avons realise. Never Again. Plus jamais ca.
Le film traite de la violence a l'ecole. L'histoire? Un jeune devient le souffre douleur de sa professeur. Brimades et insultes pleuvent, l'entrainant lentement mais surement vers une grave depression. La chute? Vous la verrez, bientôt, sur youtube. Enfin, j'espere. C'est ce qui est prevu des que nos hotes auront fini la version anglaise. Faire ce film fut une vraie periode de bonheur. Ou peut etre le contraire? Je m'entends. Notre sejour a Sebelat fut idyllique. Nous avons vecu 10 jours tres intenses et forges de solides amities. C'est incroyable, au bout de 10 petits jours, nous avions l'impression d'etre la depuis des mois. Dire que nous fumes bien accueillis est un euphemisme. Nous avons ete choye!!! Certainement que l'etat permanent de bien etre dans lequel nous flottions a deteint sur la fabrication de ce film.
Le film donc... J'ai ete bluffe par les etudiants. Par leur serieux pendant le tournage. Par la qualite du jeu propose (notamment l'acteur principal Akbar, natural born actor). Ca donne un bon petit resultat qui respire la sincerite. En tout, la fabrication a dure 3 jours (1,5j de tournage et 1,5 j de montage) pour un court metrage de 16mn. Je ne suis pas mecontent de la performance. J'ai garde mon style Speedy Gonzales des manettes! ;-) D'un point de vue technique, la qualite du son est a la hauteur d'un micro camera d'un camescope soit tout juste audible des fois! :-/ Le logiciel sur lequel j'ai monte (corel) etait pas mal du tout (1h40 de rushes pour 3 plantages d'ordi seulement) meme si j'avais, des fois, l'impression de travailler avec une hache pour le travail de precision. (pas de trim pour les connaisseurs). En tout cas, j'ai pris un plaisir fou (j'avais du mal a m'arreter!) a me retrouver devant une table de montage. Jouer avec des images, modifier les rythmes, voir l'histoire se construire doucement mais surement sous mes doigts... Rhaaa! Je crois que ca me manquait! ;-)
Une belle synergie c'est egalement developpe avec les autres habitants de la guesthouse. Tout le monde a mis la main a la pate. Toggi, responsable de la guesthouse, est venu m'aider au montage. Un des managers (Anto) s'est reconverti en infographiste (cf affiche du film qui dechire!!!). Le prof de theatre (Lucas) est venu nous donner un coup de main pour la direction des acteurs et la femme de Patrick (Opi) s'est reconvertie en veritable productrice executive. Le Kolektif Film Agricinal (du nom de l'entreprise ici) est donc né! Tout cela nous a beaucoup rapproche et les « au revoir » n'en ont ete que plus difficiles!!!
Ce film a donc ete un belle aventure humaine mais le plus important etait ailleurs! Le sujet n'avait pas ete choisi par hasard. J'aime pas le hasard de toute facon! ;-) Lors de nos discussions avec Opi et Patrick, ils nous avaient explique que certains professeurs avaient l'intime conviction que les chatiments corporels avaient un rôle educatif certain (sic). Enfin, pour le dire plus crument, ils tapaient sur la gueule de leurs eleves!!! Le but du film (qui devrait etre le but de tout film d'ailleurs) etait de créer le debat. Et pour un coup d'essai, ce fut un coup de maitre! Projection devant eleves et professeurs reunis et passes d'armes savoureuses. Un des profs, visiblement nerveux, denoncant la violence a l'ecole mais minimisant sa presence a Agricinal fut remis a sa place par le representant des eleves qui rappela que celui-ci avait l'habitude de pincer ces eleves. Ce pincement de l'amour (sic), comme l'appelait le professeur, fut renomme le pincement de la honte! ;-) Couillu l'eleve et, ma foi, un tres bon representant! Bref, le debat est lance et j'espere qu'il aboutira a ce qui est demande a la fin du film, l'eradication de la violence, physique et psychologique, dans les ecoles d'Agricinal! Excuser du peu. Wait and see.
La fin de notre sejour ne s'est pas limite a la fabrication de Never Again. Hormis les activites de Marie (que vous retrouverez dans un post separe... Ben oui, moi j'y etais pas alors je sais pas trop), nous avons quand meme trouve le temps de nous rendre a l'usine pour decouvrir le processus de fabrication de l'huile de palme. Une usine vieillissante, ce sont les mots de Patrick. Effectivement l'usine ne respire pas la modernite. Les fruits sont decharges a la main puis amener par petits wagons dans une cuve a vapeur (pour la sterilisation). Apres separation des fruits, la clef du processus passe par la pression a la vapeur (pas de presse comme avec les olives). Bon pour dire la verite, j'ai pas tout compris. Je peux juste dire que c'etait bruyant, assourdissant meme (et les employes n'ont pas de bouchons d'oreilles... Nous au bout d'une heure on avait les oreilles qui sifflaient) et gras (mais peut on attendre autre chose d'une usine de production d'huile?). Il fallait faire tres attention quand on empruntait des escaliers. Glissant, tres glissant. Nous avons donc assiste au processus de fabrication mais aussi a la recolte des fruits. La, j'ai beaucoup mieux compris. Et pour cause, votre humble serviteur s'est prete au jeu de recolte un fruit. Un travail de dingue. Les fruits sont donc perches au sommet de l'arbre et proteger par de nombreuses branches. A l'aide d'une longue tige de metal (enfin quand je dis longue, je devrais surtout dire lourde) a laquelle est fixee une lame, l'ouvrier doit liberer le fruit des branches qui l'entoure avant de sectionner sa base. Facile a dire... La perche doit bien peser dans les 10kg mais surtout elle est longue (bien dans les 7/8m) et quand elle commence a pencher, ca vous casse les bras de la retenir. Bref, il m'a fallu 10 bonnes minutes, quelques litres de sueur et des bonnes contractures dans les bras les 3 jours qui suivirent, pour faire tomber un fruit (25kg mais les + gros peuvent atteindre 120kg!!!). Ma performance fut sans appel, le contremaitre m'a declare inapte a ce travail: trop lent!!! Des fois, la bonne volonte ne paie pas! ;-)
Avec un pincement au coeur, nous avons quitte la communaute d'Agricinal vendredi. C'est la partie difficile du voyage. On fait des belles rencontres, on symphatise, on cree du lien et tot ou tard, il faut plier bagage et dire au revoir. Sans savoir si on se reverra jamais. Never again? Non, cette fois ci je pense que l'on se reverra. Peut etre pas avec tout le monde, mais on se reverra! Nous avons pris l'avion et atterri a Jakarta. En guise d'horizon, les palmiers ont cede la place aux grattes-ciels. La ville n'a, a nos yeux que peu d'interet. Centres commerciaux, chaleur moite et poussiere sont les trois mamelles de la ville. Definition au vitriol je l'avoue, mais je crois que Jakarta est la ville la plus laide que nous avons visite jusqu'ici. Nous y sommes restes 2 nuits et un jour. Un point positif tout de meme. Nous avons ete heberge chez l'oncle de Patrick. Encore un belle rencontre. Une famille charmante. Une hospitalite incroyable. Febri, l'oncle donc, est cuisinier et a vecu un an et demi a Marseille. Hier, il nous a mijote un petit plat « a la francaise ». Succulent!
Pour finir, ce long post (mais comme certaines personnes m'ont fait comprendre que plus c'etait long plus c'etait bon... je ne m'en prive pas) je concluerai par une anecdote: hier, nous sommes passes a la gare pour acheter nos billets de train d'aujourd'hui (nous voilà rendu a Bandung). L'operation achevee nous nous arretons quelques instants. Un voyageur nous demande d'ou nous venons. On papote un peu et, comme Febri habite un peu en dehors du centre-ville, je demande au monsieur ou nous pouvons prendre un bus pour rejoindre notre lieu de residence? Reponse de mon interlocuteur: « oh ma fille vient me chercher en voiture, on va vous y amener!! ». Chose dite chose faite: 45 minutes de trajet (peut etre dans la direction opposee de leur destination) juste pour le plaisir de faciliter la vie a deux touristes!!! Des fois, devant tant d'hospitalite et de generosite, on se sent mal car dans l'impossibilite de rendre la pareille. Alors, on prend note, on apprend, avec l'espoir qu'un jour, on puisse rendre ce qu'on nous a donne. Pas forcement de la meme facon, pas forcement a la meme personne. Lecon d'humanite.
A+

PS:les photos, la 1, l'affiche du film. La 2, juste avant le debut du tournage derniere relecture du storyboard. La 3, scene1 decouverte de la classe. La 4, l'acteur principal akbar en action. La 5, Riana, la fiancee, est partie fachee... que va t'il arriver?

1 commentaire:

madeleine a dit…

Merci merci et encore merci!
C'est toute a fait ca, l'Indonesie! Et Jakarta est en effet, a mon humble avis, la ville la plus pollue, la plus sale, la plus dure et la plus laide que je connais. Il est vraie, je ne connais pas toutes les grandes villes au monde. Je pense que, eh bien... en Russie, en Chine, en Amerique Latine, aux USA etc, il doit y avoir des villes encore pires?

Bandung vaut la peine certainement, aventurier vous dans les villes dans la ville: les endroits ou les voitures ne viennent pas, les quartiers sans voiturs, ou les gens "normal" vivent. Tu peut y entrer, les gens sont tout aussi adorable qu'ailleurs. Un de nos meileurs amis habite egalement a Bandung, ou plus specifiquement a Lembang (un peu plus frais dans la hauteur, au milieu des plantations de the) et devine... il s'appelle aussi Manurung, comme Opi et Patrick. Mais comme je disais avant, c'est une tres grande famille. Ton histoire de film est tres touchant, surtout le resultat: le dialogue! Et je comprends tres bien que ton travail peut te manquer, David passe tjrs dans les hotels pour jouer du piano avec les musiciens... et devine encore: tres souvent ce sont des Bataks, comme la famille Manurung.
Bizz a vous et a tous les gens sympa Indonesiens. Btw le trajet de train Jakarta-Bandung est un des plus beaux que je connais et j'adore la gare de Bandung!