mardi 21 avril 2009

Vive le service public!






Il n'y a pas a dire, des qu'on se prend pour des bourgeois et qu'on delaisse les transports publics pour s'acoquiner avec des compagnies privees, ca part en sucette! Juste une introduction pour vous mettre l'eau a la bouche. Vous comprendrez plus tard d'ou me vient cette reflexion. Je vous previens, a l'avance, ce post va etre tres long. Ces 3 jours ont ete particulierement riches en evenements cocasses, tendus, farfelus et etranges. Recit.
Nous avons quitte Jogja pour rejoindre Bali, ultime etape de notre sejour indonesien. Chemin faisant, nous avions prevu un crochet pour aller admirer deux sites volcaniques. Duree estimee, de ce periple: 4 jours. Premier objectif, rejoindre le mont Bromo, maitre fumant au milieu de sa caldeira assechee. Samedi, 7h15, nous embarquons dans un train en direction de Surabaya, principale cite de Java-est. Au petit matin, il fait deja horribblement chaud (35°). Nous nous installons pour les 5h30 de trajet et sombrons rapidement dans un etat lethargique (on dort quoi!), facilite par un cocktail detonnant: nuit courte et arrosee/chaleur! 12H30, ruisselants et moites, nous debarquons a la gare de Surabaya. Nous devons trouver par quel moyen rejoindre la ville de Probolinggo. Train ou bus? Tout dependra des horaires. Heureusement, un bureau d'information touristique est installe dans la gare. Le prochain train est dans 4h. Trop tard! Nous optons pour le bus. Nous nous renseignons sur le meilleur moyen de rejoindre la gare routiere. Et la, le prepose a l'information touristique nous retorque que le seul moyen est de prendre un taxi!?! Bizarre! Il nous semble impensable qu'il n'y est pas de transport urbain dans une (grande) ville comme Surabaya (en general, des bemos -des mini-vans- sillonnent les grandes villes sur des itineraires plus ou moins definies). Sans ciller, le prepose nous assure que c'est le cas... et nous glisse que si nous reservons un hotel a Bromo avec lui et que nous prenons le train, une voiture viendra nous chercher a la gare et nous fera faire le dernier troncon de notre trajet! Petite exlplication.La plupart des « centre d'informations touristiques » sont... prives! Il te renseigne mais leur principal objectif est de vendre des tours organises. Les informations ne sont donc pas toujours tres fiables! Et des qu'ils comprennent qu'ils ne vendront rien, l'accueil se fait moinss chaleureux, le sourire plus crispe. Ce fut notre premiere deconvenue a Java-est. D'autres vont suivre! Un peu enerves, nous plantons ce bureau commercial et sortons de la gare. A peine dehors, nous sautons dans un bemo qui nous conduit a une gare routiere d'ou nous enchainons avec un bus qui nous transporte a la gare routiere centrale. En route pour Probolinggo!
16h45, le bus s'arrete a destination... enfin presque! Au lieu de nous deposer a la gare routiere, meilleur endroit pour trouver une connection pour Bromo, nous avons atteri devant une agence de voyage!!! D'accord, les bemos pour Bromo passent, aussi, par la, mais... Petits arrangement prive/public. Commission pour le chauffeur et possibilite pour le prive d'appater le pigeon... euh, le touriste. Nous avons droit au sempiternel laius. L'attraction la plus vendue, ici, est de se lever a 3h30 pour voir le lever de soleil sur fond de volcan. Se retrouver, paupieres lourdes, avec des dizaines de personnes pour voir, si le temps le permet, un panorama rougissant, tres peu pour nous. Nous preferons nous y rendre, par nous meme, apres la meute. Quand nous l'avons dit a l'agent de voyage, il nous a regarde comme des extra-terrestres! Quoi? Vous ne voulez pas faire ce que tout le monde veut? Il s'est presque enerve, revenant continuellement quand il nous expliquait son tour sur ce fabuleux lever de soleil. C'etait a deux doigts qu'il nous oblige a signer pour son excursion. Pour notre bien, aurait-il pu rajouter! Droit dans nos bottes, nous n'avons pas cede. Nous avons meme failli partir en claquant la porte. Ce n'est jamais tres agreable d'etre traite comme un enfant, la trentaine passee. Seulement, nous avions nos sacs, nous ne savions pas ou etait la gare routiere et le bemo devait passe par la.
Nous avons attentu (pas longtemps) et le fameux bemo est enfin arrive. Nous montons, roulons 3minutes, passons la gare routiere et 200m plus loin, le conducteur s'arrete et sort de la voiture. Au debut, nous pensions que ce n'etait que le temps d'embarquer un nouveau passager et de charger ses affaires sur le toit. Ceci fait, nous nous attendions a voir remonter notre chauffeur. Mais non. Le temps passe. La nuit tombe. 30minutes et toujours rien. La fatigue nous gagne. On commence a se demander si on ne ferait pas mieux de s'arreter la pour la nuit et d'entreprendre l'ascension jusqu'a Bromo le lendemain. 1h. Les indonesiens commencent aussi a montrer des signes d'impatience. Je me decide a aller voir le chauffeur, accroupi a 20m du vehicule, fumant sa clope, pour savoir de quoi il en retourne! La communication est difficile. Je comprends juste qu'il n'est pas decide a lever le camp mais que si je veux partir plus vite, c'est possible a la condition que nous payons le double du prix. Ok, ces pauvres travailleurs ne doivent pas etre tres bien paye mais de la a me transformer en dindon! Non! J'assiste donc a une sorte de greve! Solidaire... mais fatigue, je m'en retourne vers Marie. Et la, un gars sur une moto m'explique que le bemo ne partira que quand suffisamment de monde sera monte (il est vrai que les conducteurs sont payes au nombre de passagers et qu'il n'est pas rare de monter dans un bus qui parcourra la ville au ralentit dans l'espoir de trouver de nouveaux clients. Mais au moins il roule!). Quid que cela n'arrive pas? Partira... ou pas? Pas de reponse. Deja 2 personnes n'ont pas eu d'etat d'ame et ont leve le camp, patience epuisee. Cela ne va pas dans le bon sens. :-/ Avec Marie, nous decidons d'arreter les frais, de recuperer nos sacs (ils sont sur le toit) et de trouver un hotel ici, se laver, manger, dormir!!! Je m'en retourne vers le chauffeur et lui demande de nous descendre nos bagages! Et la, retournement de situation. Il jette sa clope et dit que nous partons! Sur le champ!
O joie! Nous demarrons. Meme les indonesiens me felicitent pour cette operation reussie! Nous roulons, certaines personnes descendent, d'autres montent puis descendent quelques hectometres plus loin. Au bout de 40mn (sur 1h30 de trajet prevu), nous nous arretons au coeur d'un village. Le chauffeur coupe le moteur et descend! J'emboite le pas et fume une clope. Je ne sens pas cette halte. Je demande a un habitant du coin s'il y a des hotels dans le coin? Reponse positive! Au moins un bon point! Il est 19h15 et ma patience est a bout! Le chauffeur est a 30m et discute avec un de ses collegues. Je me dirige vers eux et demande combien de temps nous allons reste ici? La reponse, tant redoutee, ne se fait pas attendre."Jusqu'à que suffisamment de passagers soient montes!!!!" Et son collegue de me faire remarquer que si je paie le double, nous repartirons!!! Mon reste de patience explose en morceaux! Le salaud nous a fait partir pour ne pas perdre 2 clients mais maintenant qu'on est bloque au milieu de nulle part, son manege recommence!!! Je l'incendie copieusement et le somme de nous rendre nos bagages. Maintenant!!! Il nous demande la moitie de la course pour Bromo. Cause toujours, ca m'interesse! « Mes bagages maintenant »!!! Il s'execute. Nous prenons nos sacs et partons! Forcement ca l'enerve, il hurle qu'on doit payer et m'insulte! Je me retourne. Il saute du toit! Heureusement que Marie est venue s'intercaler entre nous deux. J'ai bien cru que nous allions en venir au main. Elle a explique notre position et nous sommes partis.
Au bout de 300m (en montee) nous avons trouve une guesthouse. Sans demander notre reste, nous entrons et demandons si il y a des chambres de libre. Oui! 3Gammes en plus! Alleluia! La tenanciere est une vieille dame ne parlant pas un mot d'anglais et reussir a lui faire comprendre que nous voudrions voir les chambres, fut une autre paire de manche. Avec nos balbutiements d'indonesien nous y arrivons finalement! Nous visitons les chambres sous des flots de paroles de la dame (en indonesien, bien sur), qui se marre beaucoup et qui ponctue ses elucubrations de grandes tapes dans nos dos! Les chambres ne sont pas d'une proprete eblouissante mais vu notre etat, ca suffira! Nous dechargeons et passons a l'operation la plus urgente: manger! Il est bientôt 8h, on est dans un bled et tout risque d'etre ferme d'un instant a l'autre. Se laver attendra. Nous sortons. La tenanciere nous demande de regler notre chambre. Pas de probleme, nous lui tendons un billet... et attendons la monnaie! Rien! Nous lui demandons donc la monnaie. Elle nous fait comprendre qu'elle n'en a pas! Qu'a cela ne tienne, nous allons manger, nous en ferons et la paierons a notre retour. Mais decidemment rien n'est facile aujourd'hui! La dame refuse de nous rendre le billet. Elle s'y accroche comme un affame a son bol de riz (l'image me semble appropriee ici). Elle a des yeux totalement affoles et nous nous rendons compte qu'elle n'a pas toute sa tete! A force de patience, nous arrivons a recuperer notre argent, meme si cela n'a pas l'air de la ravire... et, brusquement, la vieille dame se precipite dans sa maison! Nous nous attendons au pire! Elle ressort, finalement, avec la monnaie pour la chambre... et nous lui rendons le billet, interloques! Decidemment, les gens sont extremement bizarres dans ce coin de l'Indonesie!
Le lendemain a 7h, nous sommes sur le pied de guerre. Il nous reste une heure de route jusqu'à Bromo et si nous voulons pouvoir effectuer la balade ce matin (c'est toujours mieux le matin car le temps est plus degage), nous ne devons pas tarder. Le ciel est bleu, le soleil brille et cette journee s'annonce sous les meilleurs hospices! Nous montons dans un bemo vers 7h30 et commencons l'ascension. Au fur et a mesure que nous avancons, le ciel se charge de sombres nuages, une brise hivernale refroidit l'atosphere et la brume s'abat sur les flancs de la montagne. Nous arriverons au village en face du Bromo dans une epaisse puree de pois! On n'y voyait goutte a 100m! Que faire? Rester, en esperant que demain sera mieux, ou partir, et avoir fait tout ce trajet pour rien? Nous decidons de prendre un petit dej' et de glaner quelques informations pour faciliter notre decision. Premier interlocuteur, un gerant d'hotel a qui je demande si le temps est comme cela depuis plusieurs jours? Reponse hallucinante (et avec tout le serieux du monde!): non, ce n'est comme ca que les dimanches!!! Ah Ah Ah! Mort de rire! Je crois que c'est la plus grandiose reponse que l'on m'ait jamais faite! Finalement, nous rencontrons 2 francais qui nous disent que la vue etait franchement bouchee ce matin, que le lever de soleil, c'est voiture sur voiture, des dizaines de touristes agglutines et pas franchement tres sympa (ah bon?) et que le mont Ijen (notre prochaine destination, qu'ils ont fait la veille) est 10 fois mieux. Pas tres emballant tout ca! C'est quand meme rageant d'avoir fait tout ce chemin pour rien! On se dit que l'on va quand meme reste une nuit pour voir. A la cherche d'un hotel, nous nous retrouvons, finalement, au pied d'une crevasse... qui surplombe le mont Bromo!!! La vue est superbe meme si le ciel nuageux ne nous offre pas la profondeur de champ optimale (le mont Bromo est domine dans le lointain par un autre sommet, le mont Semeru... Ca on n'a pas vu!). Nous sommes restes une petite heure a s'impregner du paysage et avons decide de tracer notre route. Il etait 10h. Largement le temps de rejoindre le mont Ijen dans la journee. Nous redescendons. Puis comme un air de deja vu, le bemo depasse la gare routiere – je hele le chauffeur, qui me dit qu'il y retourne ensuite – et nous nous arretons en face de l'agence de la veille! Les autres passagers debarquent... sauf un couple de francais (Mat et Claire) qui veulent egalement se rendre a Ijen par les moyens locaux. Le temps passe. L'agent de voyage revient a la charge. Il nous dit qu'il a deja 2 personnes qui vont a Ijen, en voiture, et qu'il nous fera un bon prix si nous partons avec eux! C'est vrai que le prix est attractif. D'autant plus que ni nous, ni l'autre couple ne savons exactement l'itineraire pour nous y rendre (pas indiquer dans nos guides)! Finalement nous acceptons, tous, de partir en voiture. Nous voilà 6 francais (Sandrine et Isabelle, nous ont rejoint) dans un 4x4 rutilant. Flambant neuf meme. Je suis impressionne et deconne avec l'agent sur le theme: quel luxe! Nous n'avons pas paye assez cher!
12h, nous quittons Probolinggo. Notre chauffeur n'est pas un fou du volant. Pas de probleme, securite avant tout. Apres un stop « restauration », nous tracons la route... de plus en plus lentement! Puis au pas! Puis plus du tout! Nous sommes arretes en basse campagne, moteur fumant! Le systeme de refroidissement est en berne. Il faut remettre de l'eau. Des litres! Eh bien voilà, 1er voyage en transport prive, premiere panne. Ah, il avait l'air neuf le 4x4 mais c'etait une coquille vide, un moteur perime! La vache! Vive le service public! C'est vieux mais ca marche! C'est long, mais c'est parce que ca s'arrete partout pour contenter le plus grand nombre. C'est surcharge de monde mais ca cree du lien. Avec le prive, on t'en met plein les yeux pour que tu achetes mais ensuite, le service ne suit plus! On ne nous y reprendra plus. Nous avons donc continuer a rouler, yeux rives sur la jauge de temperature, arrets frequents, jusqu'à tard dans la soiree (on est arrive a 20h). Heureusement, nous avons bien sympathise avec nos compagnons d'infortunes et le voyage fut plutot plaisant.
Le lendemain (7h), nous nous sommes rendu a Ijen. Franchement, ce fut la visite touristique la plus memorable que nous avons faite en Indonesie (avec les orang-outans)! Je passe sur l'arret, en chemin, pour remettre de l'eau dans le radiateur de la voiture ( notre chauffeur n'allait tout de meme pas essayer de tenter de reparer pendant la nuit. Ca non!). Ijen est un volcan mais surtout une carriere de souffre. Tous les jours, des hommes recuperent, a la main, des blocs de souffre dans le fond du cratere puis les ramenent, a pied, jusqu'à un camp situe a plus de 4km. A chaque trajet (en general 2 par jour), ces hommes transportent plus de 80kg de souffre. J'ai essaye. Il a fallu m'aider pour que je me redresse et, une fois debout, j'etais scotche. Pas moyen de faire un pas. Inutile de preciser que la plupart des travailleurs n'ont que des sandales au pied et qu'ils travaillent au milieu des vapeurs de souffre sans masques (on en a « mange » pas mal en bas, c'est suffocant! Ca t'irrite les yeux et les bronches immediatement.... Et nous avons donc perdu une dizaine de jours de vie je pense! Ca le valait largement). Un travail de titans, donc, dans un cadre de conte de fee! Lac de souffre bleu turquoise, fumerolles jaunes, roches grises et noires. Foret luxuriante d'un cote et roche brute de l'autre. Nous avons eu beaucoup de chance. Nous sommes globalement passe entre les gouttes (surtout moi). Apres, une ascension de plus ou moins une heure (selon les genres) nous sommes descendus dans le cratere. J'avais pris un peu d'avance et fut le premier arrive en bas. En meme temps, que la pluie! Je me suis donc refugie sous une cabane avec une dizaine de travailleurs. 20mn a discuter et a rigoler. Une bonne camaraderie masculine regne entre ces hommes! Amitie virile, dirais-je. J'ai retrouve mes annees de rugby. Ils ont commence a faire des blagues graveleuses, a vanter la taille des bites de certains de leurs compagnons (un a meme trouver bon de me la montrer!!!) pour finalement me demander si j'aimais le sexe!!! Petit moment de solitude au milieu de ces gars! ;-) Ne vous meprenez pas, c'etait franchement bon enfant et tous ont ete tres cool avec moi, puis nous quand le reste de la bande m'a rejoint, trempe, apres la pluie. Des chics types, toujours souriant malgre leur dur labeur, tres prevenant pour aider le groupe a descendre sous la pluie, nous accompagnant pour la remontee, prenant le temps de nous expliquer leur travail. Bien sur, ils attendent aussi un petit quelquechose en retour. Mais ils le meritent bien. J'ai fini presque a poil. Thunes, clopes, gateaux, meme mon t-shirt y est passe! Franchement, chapeau et respect a ces hommes qui font certainement le travail le plus dur qu'il m'ait jamais ete donne de voir!
Apres ce trek de 5h nous avons fait route vers l'embarcadere pour Bali sans encombre (mis a part que l'on nous a vendu un trajet en bus qui n'allait pas jusqu'à la destination desiree – Denpasar au lieu d'Ubud). Nous sommes arrives (tard, 20h) a Ubud, dans le centre de Bali. Un bon endroit pour rayonner sur l'ile parait-il. On verra. Nous nous sommes installes (Mat et Claire nous ont accompagnes) dans une superbe guesthouse conseillee par les tcheques que l'on avait rencontre a Jogja (Peter et Renata). C'est ca la solidarite du voyageur. On se refile les bons plans. Pour l'instant, nous desirons, avant tout, recharger nos batteries apres ces 3 jours mouvementes! La vie balinaise attendra un peu. En tout cas, nous sommes passes par tous les etats possibles et imaginables en un minimum de temps: joie, lassitude, enervement, fatigue, rires, perplexite, incredulite. Certainement, tous les ingredients reunis pour un voyage reussi! Nous sommes ravis!

PS: les photos, la 1, une vue du lac depuis la crete du cratere Ijen. La 2, la vue a l'arrivee au sommet avec des travailleurs en plein effort. La3, au fond du cratere le souffle du volcan est canalise par des tuyaux et le souffre s'ecoule! La4, le mont bromo fumant au milieu de la caldeira. La 5, la panne de notre 4x4 rutilant n'a fait perdre le sourire a aucun de ses passagers.

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